Qui contrôle les contrôleurs?

janvier 15, 2010 on 7:46 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Quand est-ce que trop, c’est trop? Les contrôleur aériens viennent de se mettre encore une fois en grève pendant 2 jours. Voici ce que JusMurmurandi a trouvé sur cette intéressante corporation:
- la grève a pour cause la crainte de privatisation de la DGAC (12.000 fonctionnaires) que pourrait causer, d’après les contrôleurs, un éventuel rapprochement entre les systèmes de contrôle aérien français et ceux des pays limitrophes. Ils exigent donc la garantie de maintien de leur profession dans la fonction publique
- deuxième cause, la réorganisation du système français autour de Paris requiert qu’un certain nombre d’entre eux, basés à Athis Mons, près d’Orly, donc au sud de Paris, aillent travailler à Roissy, au nord-est. Ils ne veulent pas de ce déplacement.

Faut-il rappeler que les agents de la fonction publique, tels qu’ils exigent de le rester, ont, parmi les avantages et inconvénients de leur statut, la mobilité géographique impérative? Visiblement, il le faut, les contrôleurs ayant l’air de préférer avoir les avantages, tels que la garantie de l’emploi, précieuse en temps de crise, mais que les avantages et pas les servitudes.

Par ailleurs, cette grève a lieu, comme par hasard, au milieu d’une polémique sur le travail réellement effectué par les contrôleurs. Ils partent en retraite à 57 ans, ce qui, à l’aube d’une renégociation sur les retraites compte tenu de la faillite latente du système français de redistribution, est un avantage non négligeable. Ils ont 56 jours de congé annuels, soit quasiment 10 semaines. Pas mal non plus, au regard des usages en vigueur. Ils ont une durée hebdomadaire de 36 heures, mais, compte tenu des heures de récupération pour pénibilité du travail (besoin de concentration, stress), ils en font 24 réelles. Réelles? Voire. Car il semble que, quand il y a baisse du trafic aérien les contrôleurs s’autorisent à réduire d’eux-mêmes leurs effectifs, ce qui conduit, selon un article du Figaro à un travail effectif de 12 heures. L’article a été contesté, mais les contestataires (DGAC, syndicats) n’ont donné aucun chiffre d’heures réellement travaillées. Un silence que JusMurmurandi trouve édifiant.

Quant au rapprochement avec les systèmes de contrôle aérien des pays voisins (Belgique, Suisse, Allemagne), il permettrait de faire progresser à la fois la sécurité, en évitant la procédure de transfert systématique d’un vol d’un système d’un pays au système d’un pays voisin, et la productivité, en évitant la redondance du contrôle, elle aussi systématique dans les zones limitrophes.

Alors que, dès qu’un changement est proposé pour le système de contrôle aérien français, les contrôleurs crient qu’on attente à la sécurité des passagers, là, subitement, quand il n’est pas contesté que la nouvelle organisation serait plus sûre, ils contestent aussi.

Et les pouvoirs publics, gênés, et ne voulant pas (trop) de grèves, se taisent et avalent.

Non seulement nous avons des contrôleurs en dérapage incontrôlé, mais aussi des pouvoirs publics impuissants. Comme il est loin le temps de la campagne présidentielle de 2007… et celui de 2012…

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