Qui va Peillon la casse?

janvier 16, 2010 on 12:53 | In Elections présidentielles 2012, France, Incongruités | Commentaires fermés

Vincent Peillon a longtemps été l’un des lieutenants de Ségolène Royal, avant leur brouille terriblement publique de Dijon, où Peillon fait le boulot et organise un séminaire de travail réunissant de multiples partis de gauche, pendant que Ségolène s’invite à la dernière minute pour accaparer la lumière des projecteurs et l’attention des média.

Peillon a visiblement retenu la leçon de son ex-chef de file. Ce qui compte, ce n’est pas le débat ou les idées, c’est le buzz sur Internet, l’intérêt, même s’il est polémique, que vous soulevez, vos quinze minutes de célébrité.

Il est maintenant public que Vincent Peillon a minutieusement préparé son incident. Après avoir menti comme un arracheur de dents à Arlette Chabot avec qui il discutait encore le matin même des détails de sa présence, alors que Martine Aubry était au courant depuis 48 heures qu’il y aurait forfait. Forfait dans tous les sens du terme…

Le calcul cynique des socialistes n’est pas sans intérêt, d’ailleurs, car il est vrai qu’ils sont plus embarrassés qu’autre chose par ce débat sur l’Identité Nationale. Comme ils sont corsetés dans la logomachie de gauche historique avec Jaurès, le Front Populaire et Mendès France, entre autres inspirateurs, ils ne s’autorisent pas la moindre parcelle de tout ce qui pourrait ressembler à autre chose qu’une générosité permissive et aveugle. Ce qui n’est pas exactement dans l’air du temps électoral.

Donc, en ne venant pas, Peillon évite le dilemme entre n’avoir rien à dire, et raconter des choses qui fâchent. Bien joué.

En outre, en ne venant pas, il donne de l’exposition médiatique à Marine Le Pen et à son dialogue avec l’UMP. Ce qui ne peut que faire ré-émerger le FN de sa léthargie, et brouiller l’image, sur ce sujet, de l’UMP. Re-bien joué.

Le problème, en revanche, c’est qu’en ne venant pas, Peillon fait exactement ce qu’à Dijon il reprochait à Ségolène Royal de faire: un coup médiatique au détriment du débat d’idées. Et récolte la même moisson qu’elle: comme il n’y pas d’idées, il n’y a que combat de personnes, ce dont le PS n’est pas avare. Résultat: Pierre Moscovici ou Manuel Valls lui tombent dessus à bras raccourcis.

L’autre problème, c’est que, ce faisant, Peillon a instrumentalisé et manipulé Arlette Chabot et France 2, et que les journalistes n’aiment pas cela du tout. Il reste à voir combien il pourraient faire payer aux PS et à Peillon ce coup d’éclat. Il y a aussi cette demande de sa part, un peu curieuse il faut le dire, de débattre maintenant avec Éric Besson. Quelles que soient les formes qu’il y mette pour donner à penser que ce serait différent du débat duquel il s’est défilé, cela sonne bel et bien comme une volte-face. Une deuxième…

Cela étant, Peillon pourrait aussi avoir ouvert une voie nouvelle en montrant que ne pas participer est aussi une façon de se faire sa publicité. JusMurmurandi pronostique qu’il va faire des émules dans les mois à venir, où on va annoncer à la dernière minute les forfaits de telle ou telle personnalité politique à un débat comme celui de tel ou tel cheval dans une course du PMU…

Il n’y a pas à dire, Vincent Peillon a bien retenu les leçons de Ségolène Royal. JusMurmurandi aimerait lui rappeler celle-ci. Qu’à appliquer cette méthode, Ségolène et le PS ont perdu une élection imperdable, la troisième Présidentielle de suite, et ouvert un boulevard à Nicolas Sarkozy. Dont JusMurmurandi transforme la formule bien connue en: participer et penser plus pour gagner plus…

Vincent Peillon

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