Inconséquence (2)

janvier 18, 2010 on 10:09 | In France | 4 Comments

Deux journalistes français de FR3 ont voulu à toute force dîner avec le diable sans prendre une assez longue cuiller. Moyennant quoi ils se retrouvent aujourd’hui prisonniers des Taliban afghans. Nicolas Sarkozy et Claude Guéant ont employé à leur égard les termes d’ »inconscients », et de « grave imprudence ». Et les journalistes, évidemment, de tomber à bras raccourcis sur la Présidence, au nom de la liberté d’informer, de l’indépendance des journalistes, etc…

La première réaction de JusMurmurandi a été qu’il n’est pas forcément indispensable de donner la parole à des Taliban qui lancent des attaques suicides contre les soldats français et ceux de nos alliés, et soutiennent son mortel ennemi, Al-Qaeda. Sans compter les joies « habituelles » du pouvoir Taliban, notamment vis-à-vis des femmes.

La seconde réaction a été que ça va encore coûter une fortune en temps, en argent et en capital politique. Il va bien falloir négocier pour rapatrier ces malheureux. Négocier pendant des semaines ou des mois. Payer. Obtenir des Américains la libération de prisonniers Taliban. S’abstenir de tout acte politique, comme l’envoi de renforts qui pourrait déplaire, si peu que ce soit, aux preneurs d’otages.

Et pendant tout ce temps-là, bien sûr, se faire incendier par les comités de soutien et autres familles éplorées qui trouveront que le Gouvernement n’en fait pas assez, pas assez vite, pour ramener les prisonniers en France.

Face à cette situation, JusMurmurandi trouve que les qualificatifs de la Présidence sont encore bien modérés. Pour parler simplement, ça fait cher le scoop.

Il n’y a pas que les journalistes qui tombent dans cette catégorie inconséquente. Il y ces skieurs hors-pistes, ces spéléologues, ces alpinistes qui se lancent dans des projets beaucoup trop mal préparés ou trop ambitieux pour leurs moyens, et considèrent comme normal que les sauveteurs prennent tous les risques pour les sauver, et s’indignent que les pouvoirs publics osent leur présenter la facture.

Pour parler simplement, ça fait cher la poussée d’adrénaline.

4 commentaires

  1. Ca va bien nous coûter le prix d’un airbus présidentiel, c’est honteux!!!
    Tout ça pour des des traines-savates gauchistes qui servent à rien.

    Heureusement qu’il y a des journalistes comme Laurence ferrari et jean-pierre Pernault pour montrer l’exemple et devenir les fiers porteurs de l’étendard du VRAI journalisme

    Commentaire by Boing — 26 janvier 2010 #

  2. Puisque vous adoptez le registre de l’ironie, Boing, souffrez que j’en fasse autant. Il y a le même mérite à prendre des risques pour interviewer des Talibans et faire des scoops qui montrent quel brillant journaliste vous êtes qu’à prendre des risques qui montrent quel brillant banquier vous êtes. Dans les deux cas, les avantages sont pour vous, et, en cas de malheur, on attend comme un dû que l’État et le contribuable français vous sauvent et passent l’éponge. Quelque chose me dit que cette comparaison ne vous paraîtra très drôle. Dommage…:-)

    Commentaire by JM2 — 26 janvier 2010 #

  3. Comparer la profession de journalisme avec la profession de trader…
    Je m’incline bien bas

    Commentaire by Game — 31 janvier 2010 #

  4. Cet article explore, Game, la propension commune de ces 2 professions à parfois explorer des territoires risqués en faisant supporter les risques par « les autres ». Il y a d’autres points communs, comme leur idée qu’ils sont, chacun, le vrai centre du monde…

    Commentaire by JM2 — 1 février 2010 #

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