Les zozos de l’Euro: nous sommes tous Grecs!

février 6, 2010 on 8:00 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Ce serait amusant si ce n’était aussi grave. Il y a des semaines déjà que JusMurmurandi a prédit la chute financière de la Grèce. Mais elle ne chutera pas seule, ayant été incluse par des économistes du monde entier dans un groupe dont l’acronyme est PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce, eSpagne), dont tous les membres sont des états sur-endettés et en profond déficit budgétaire.

Ce qui est nouveau avec cette première crise de l’Eurozone est que la monnaie de ces pays, l’Euro, est fixe; Donc toute dévaluation « traditionnelle » est impossible, de même que l’utilisation de la célèbre et si commode « planche à billets ». Moyennant quoi, pour se refinancer, la Grèce par exemple paye deux fois plus pour sa dette souveraine que l’Allemagne (7% au lieu de 3,5%). Ce qui veut dire que ce pays à la dette colossale est aussi celui qui paye le plus cher, et donc que la sévérité de la charge de cette dette est encore alourdie par ce taux d’intérêt punitif.

Ce qui est amusant, c’est que c’est exactement l’inverse de ce que les pays à monnaie faible attendaient de l’Euro, à savoir de profiter de la force la monnaie unique pour payer des taux d’intérêts bas, plus bas que la médiocrité de leur situation financière ne le justifierait si leur monnaie était indépendante.

Moyennant quoi, la Grèce a largement triché et menti sur la réalité de sa situation pour intégrer l’Euro, et ensuite tiré des chèques sans provision sur la monnaie unique avec des déficits énormes requis par des politiques laxistes. En conséquence de quoi l’arrivée de la crise a fait exploser la bulle de la dette souveraine grecque, et celle des petits copains avec.

Autre aspect rigolo et novateur de l’Euro, il est maintenant possible d’emprunter des Euros en payant des taux longs allemands (3,5%) et de les placer, toujours en Euros, mais grecs ou portugais cette fois-c, à 7%. Pas de risque de change, et une marge de 3,5% sans sortir de capital. Tant que la Grèce ne fait pas faillite, c’est un profit garanti…

En attendant, il n’y a aucun scénario de sortie de l’Euro, ses fondateurs ayant sans doute voulu marquer par là que l’entrée dans la monnaie unique, c’était « pour toujours ». Que peut-il donc se passer?

Il est tout simplement possible que la Grèce n’arrive plus à financer son budget, parce qu’il n’y a plus d’acheteurs pour sa dette souveraine. Et, sans planche à billets, puisque celle-ci est pour toute la zone Euro à Francfort, pas de moyen d’échapper. JusMurmurandi voit mal comment les autres pays de l’Eurozone pourraient laisser la Grèce en arriver là, mais enfin le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils n’ont manifesté aucun enthousiasme pour aider, bien au contraire.

Sans compter qu’ils ont tous leurs propres soucis budgétaires, à commencer par la France…

Or il faut bien voir que la seule différence entre la Grèce et la France est une question de taille, d’ancienneté dans les mauvaises habitudes (Raymond Barre avait laissé derrière lui un budget à l’équilibre -en pleine crise du deuxième choc pétrolier!-, et c’est François Mitterrand qui inauguré l’ère des chèques sans provisions), et d’outrance dans le refus de toute contrainte.

Rappelons-nous aussi que les marchés n’aiment rien tant que de transformer un cas isolé en tendance, et, pour des excès grecs, sanctionner tous les pays peu rigoureux. Cela permettrait même d’emprunter à long terme aujourd’hui en euros « français », puis attendre quelques semaines que les taux longs se soient tendus du fait de la crise de confiance dans les dette souverains, et de les reprêter en euros tous aussi « français » à la même échéance. Plus de risque de change, ni de risque de taux, c’est le profit garanti à 100%…

Regardons donc comment les Grecs font en se retrouvant un jour proche ligotés dans la camisole de force de la dépendance budgétaire totale (l’équivalent pour un État de la commission du surendettement pour les particuliers), car JusMurmurandi se dit que cela pourrait être le prochain vêtement à la mode à Paris…

P.S. Je ne résiste pas à donner un lien vers un article du Monde, écrit, par M. Sidéris, maître de conférence à l’Université. D’après lui -et le Monde, quotidien de référence autoproclamé- tout va bien en Grèce, sauf que ce malheureux pays est victime d’une attaque d’infâme spéculateurs de l’ultra-droite pour abattre ce pays « laboratoire du socialisme méditerranéen », ses systèmes sociaux et ses syndicats…. Décidément, il y a des camisoles de force qui se perdent…

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/02/01/la-grece-est-le-banc-d-essai-d-une-attaque-generale-des-systemes-sociaux-europeens-par-georges-sideris_1299695_3232.html

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