La vérité honteuse sur les retraites, Madoff à la française

février 16, 2010 on 6:46 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Pourquoi le système français de retraites est-il perpétuellement en déficit, et ce malgré une suite ininterrompue de plans de remise à flot?

Les explications officielles font état de l’allongement de la durée de vie, qui entraîne l’allongement de la durée de la retraite, et donc augmente le coût par individu, et du vieillissement de la population.

C’est vrai, mais cela n’explique que le déficit d’une année sur l’autre.

La vérité, c’est que les système par répartition repose sur une gigantesque escroquerie. Comment se fait-il qu’on distribue aujourd’hui les cotisations d’aujourd’hui? Ce qui signifie, en clair, que la cotisation d’un jeune disparaît dans la poche d’un retraité, et suppose qu’un autre jeune, plus tard, portera à son tour le fardeau de la retraite de son aîné.

Mais, alors, où sont passées les cotisations de ses aînés?

Très simplement, quand le système a été créé, le choix du système par répartition a « permis » de distribuer immédiatement des retraites à des gens qui n’avaient pas cotisé, avec les montants prélevés sur ceux qui travaillaient sur le moment et partiraient en retraite plus tard. Ces cotisations des actifs ont donc été confisquées un profit de non-cotisants, en pariant sur l’avenir.

Il a surtout permis à un gouvernement gravement inconséquent de faire le généreux à bon compte, et probablement de se prendre pour une force de progrès…

Ce système est comme un vélo, il tient debout tant qu’on ne s’arrête pas. Le problème, c’est qu’en 1970 il a avait 3 actifs pour un retraité, donc un retraité pesait pour 1/3 sur les épaules d’un actif. En 2020 en revanche, compte tenu de la pyramide des âges, ce sera un actif pour un retraité. Il ne faudra plus alors parler de retraite, mais bien de pension alimentaire. Vous savez, quand on partage moitié-moitié…

Comme par ailleurs les Français n’ont qu’une confiance très relative (mais encore exagérée compte tenu de ce qui les attend) dans la perception de leurs retraites plus tard, ils se caractérisent par l’un des taux d’épargne les plus élevés du monde. Épargne vitale pour éviter la guerre civile (le mot n’est pas trop fort) quand, dans une dizaine d’années, malgré tous les raccommodages, il deviendra évident qu’il est absolument impossible d’assurer plus que la seule subsistance à la fois aux innombrables retraités et aux travailleurs en nombre égal.

De ce point de vue là, parler de repousser l’âge de départ à la retraite est une autre fumisterie. Aujourd’hui, cet âge théorique est de 60 ans, mais l’âge réel est de 58 ans. Ce qui veut dire tout simplement que de nombreux Français partent avec une retraite partielle et non complète. Repousser l’âge ne créera pas le moindre emploi. Donc soit les gens partiront avec une retraite encore plus partielle, soit ils seront inscrits plus longtemps au chômage, soit les deux à la fois.

Oui, vraiment, s’il y a une « exception française », c’est l’immoralité criminelle de notre système d’absence de financement de retraites promises dont on sait à l’avance qu’elles ne seront jamais payées.

Qui s’est rendu célèbre en prélevant de l’argent en faisant de promesses qui ne seront pas tenues? Ah oui, Bernard Madoff… Que faisait-il, si ce n’est de distribuer dès aujourd’hui les droits de ses souscripteurs pour demain? A sa place, au lieu de plaider coupable, JusMurmurandi lui aurait conseillé de plaider qu’il gérait un système par répartition, comme l’État français. J’aurais voulu voir la tête des juges et des journalistes…

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