L’amnistue, c’est-à-dire l’amnistie-qui-tue

juillet 10, 2007 on 1:58 | In France | Commentaires fermés

Nicolas Sarkozy a connu de près un bel exemple d’amnistue. Celle que Jacques Chirac a généreusement octroyée à Guy Drut. Le tollé qu’a soulevé cette faveur donnée à un de ses partisans « tombé au champ d’honneur » du financement des copains pourrait, s’il se répétait, mettre en lambeaux la popularité du nouveau Président.

Un autre exemple est là pour rappeler les dangers d’un amnistue. Celle que George Bush a concédé à Lewis « Scooter » Libby, l’ancien chef de cabinet de son vice-président, le sinistre Dick Cheney. Le Président américain était dans un inconfortable étau: ne pas gracier Libby, c’était écoeurer ses partisans, qui auraient accusé Bush de ne pas soutenir un allié « tombé au champ d’honneur » du combat partisan, comme Guy Drut. C’était en outre, comme dans le cas de Guy Drut, prendre le risque que le non-gracié déballe tout ce qu’il savait, et implique le vice-président, voire le Président lui-même.

Mais gracier a rappelé à toute l’Amérique à quel point GB est un Président partisan qui ne recule devant rien pour obtenir ce qu’il veut. En l’occurrence, il n’a même pas consulté, comme c’est l’usage, le Département de la Justice avant de prendre sa décision. Et a donné l’image d’un Président pour qui ses amis sont hors d’atteinte de la Justice, au mépris de la séparation des pouvoirs
.

C’est pourquoi le vrai sens du refus de Nicolas Sarkozy d’une amnistie générale et traditionnelle le 14 juillet est là. Pas d’amnistie « normale » pour éviter une amnistue un peu plus tard, qui pourrait concerner Dominique de Villepin dans l’affaire des flux de renseignements pas très clairs fournis à un juge (NdT, en anglais, un flux clair se dit  » a clear stream »), voire Jacques Chirac dans l’affaire de financement du RPR.

Et JusMurmurandi veut apaiser les craintes de François Hollande. Si l’un, l’autre, voire les 2 ex hauts personnages (plus d’1m90 chacun) venaient être condamnés à de la prison ferme, JusMurmurandi tient de source sûre que, malgré le surpeuplement carcéral dénoncé par le Premier Secrétaire du PS, il sera toujours possible de libérer 2 cellules du quartier VIP de la Santé.

De les libérer sans recourir à une quelconque amnistie, bien sûr…