Dents longues et mémoires courtes

mars 6, 2010 on 10:26 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Poil à gratter | Commentaires fermés

C’est la semaine du Salon de l’Agriculture. Plus encore que chaque année, cette vitrine de la vie paysanne est parcourue par des politiques soucieux de se concilier les bonnes grâces de cet électorat clientéliste, eu égard aux élections régionales à venir dans deux semaines.

Le fait que Nicolas Sarkozy n’inaugure pas ce Salon est qualifié par les agriculteurs furieux de preuve de désintérêt, d’indifférence, de mépris sans précédent de la part du Président de la République.

Sans précédent? Auraient-ils donc perdu la mémoire? François Mitterrand, en 2 mandats et 14 ans de présidence, non seulement n’a pas inauguré une seule fois le Salon, mais ne l’a même jamais visité. Que la mémoire est donc sélective….

Mais il est utile de se faire passer pour des victimes au moment, où, comme toujours, les paysans réclament l’aide de l’État. Ils arguent de la chute sans précédent des cours qui affecte leurs productions.

Sans précédent? Auraient-ils donc perdu la mémoire? En 2006-2008 les produits agricoles, que ce soient le lait ou le blé, avaient atteint des cours records, poussés par la prospérité mondiale, la culture destinée à la production d’éthanol et la spéculation. Imaginer que ces cours allaient rester à ces sommets, c’étaient supposer que le pétrole ne retomberait jamais sous les 147$ le baril qu’il a atteints en 2008. Laquelle baisse du prix du pétrole a permis d’inverser la hausse du coût du gazole et des engrais, hausse qui « les tuait », et dont la disparition est passée sous silence par une profession à la mémoire bien sélective.

Mais Baste!, de tels propos, pour exagérés et partisans qu’ils soient ne sont que le reflet d’une action de lobbying politique classique, qui a si bien réussi dans le passé, où pendant des décennies, les prix garantis ont ruiné l’Union européenne et ses consommateurs pour garantir sans limite aux paysans des cours beaucoup plus hauts que nulle part ailleurs dans le monde.

Le problème que risque de rencontrer la gent paysanne, c’est qu’à forcer de crier sas arrêt à leur ruine imminente, il ne lassent leurs interlocuteurs et l’opinion publique. Car ils protestent pour tout, que ce soit l’interdiction de chasser pendant les périodes de nidification des oiseaux, ou la réintroduction des loups dans leurs habitats historiques, lesquels dévorent quelques dizaines de brebis par an.

Pourtant, la querelle contre Sarkozy ressemble aux griefs du loup contre l’agneau dans la fable, qui n’existent que parce que le loup veut que sa faim soit satisfaite, et que, pour cela, tous les prétextes sont bons. Mais, qu’ils prennent garde, pleurer misère tout le temps, c’est risquer qu’au bout d’un moment, plus personne ne prenne leurs appels au sérieux et ne vienne les secourir. C’est la fable de Pierre et le loup…

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