Qui doit payer?

mars 7, 2010 on 7:38 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, France, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

L’Islande revient sur le devant de la scène financière mondiale. Un référendum a eu lieu sur l’approbation ou non par les islandais du financement par leurs impôts du remboursement des déposants anglais qui avaient fait confiance à une épargne islandaise très rémunératrice, le plan « Icesave ».

Lequel plan s’est effondré avec la banque qui l’avait mis en œuvre, quand la conjoncture a révélé que la pseudo « super-épargne » finançait en réalité un galimatias de projets bien incapables de générer de quoi payer les super-taux d’intérêts promis aux déposants.

Il semble que la réponse populaire à la question du référendum soit » non » à plus de 90%.

Cela étant, JusMurmurandi se demande au nom de quoi les Islandais devraient payer. En fait, pour toute justification, les Britanniques, pays de l’économie de marché et du fair-play, ont purement et simplement menacé de geler et saisir de par le monde tous les biens et capitaux islandais, ce qui asphyxierait totalement un pays déjà ruiné.

Donc le gouvernement islandais a cédé devant cette pression insupportable, et promis de payer. Ou, en l’occurrence, de faire payer par les contribuables, l’équivalent de 100€ par personne et par mois pendant 8 ans.

Mais le fait est que tout épargnant devrait savoir qu’un niveau de rémunération élevé pour l’épargne ne peut que s’accompagner d’un niveau de risque élevé. Il est donc tout à fait abusif de vouloir faire jouer la concurrence pour toucher le plus possible, mais, si on perd, de crier « pouce » et de vouloir récupérer son argent. JusMurmurandi se souvient encore avec ironie de ce « grand économiste français », qui avait placé le produit de ses coquets droits d’auteur dans une banque moyen-orientale à Paris, qui rémunérait les dépôts au-dessus du taux de base bancaire. Quand ladite banque a fondu les plombs, il a été le premier à réclamer, lui, le chantre du libéralisme, que l’État indemnise intégralement tous les épargnants…

Par ailleurs, il semble très risqué que la Grande-Bretagne veuille mettre en œuvre le principe du « perdeur-payeur ». Comme Londres est une place financière mondiale, c’est là que, inévitablement, se produiront de nombreuses pertes. Le gouvernement de Sa Majesté a-t-il vraiment envie de créer une jurisprudence telle que chaque épargnant dont l’argent a été mal placé par la banque anglaise puisse réclamer réparation?

En fait, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Il y a deux raisons irrésistibles pour lesquelles, d’une façon ou d’une autre, les Islandais paieront. D’abord, dans toutes les folies financières, ce sont toujours les contribuables qui finissent sans chaise quand la musique s’arrête, et, en conséquence, paient la note. Ensuite, l’Islande est petite et pauvre, et la Grande-Bretagne est, même engluée dans la crise, riche et puissante.

Comme le disait le philosophe allemand Schopenhauer, « une poignée de force vaut plus qu’un sac de droit »….

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