Subir sans compter…

mars 20, 2010 on 9:32 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermés

Des documents internes aux forces de police « fuités » dans la presse donnent à penser que la hiérarchie policière soumet ses troupes à des quotas minimum en termes de verbalisation d’infractions (stationnement, mais aussi fautes de conduite), et le microcosme s’émeut. Même si ladite hiérarchie s’en défend, ce qui est d’ailleurs curieux. Ne faudrait-il pas non plus compter les trains et les avions en retard par exemple?

Le même débat a déjà eu lieu concernant les gardes à vue, quand d’éventuels objectifs chiffrés sont immédiatement considérés comme la cause de toutes les erreurs ou gardes à vue abusives.

Sachant qu’il y a 900.000 gardes à vue par an, de telles erreurs sont arithmétiquement inévitables, d’autant que certaines interpellations ont lieu davantage dans un monde de brutes qu’avec quelques grammes de douceur.

La thématique de ces protestations contre une approche quantitative est qu’elle serait contradictoire avec une approche qualitative.

JusMurmurandi ne voit là qu’hypocrisie et tartuferie.

Pour commencer, imaginons que la police s’en tienne à une approche purement qualitative, et que, si on suit la logique protestataire, les chiffres baissent, et l’opposition et les syndicats de policiers vont se mettre à hurler. L’opposition parce que dénoncer la majorité est son exercice alimentaire, et on entendra donc parler de « l’échec du pouvoir, et du Président », de « la montée de l’insécurité », et autre rhétorique aussi creuse que bien rodée. Parallèlement, les forces de police réclameront des effectifs supplémentaires et autres avantages pour les « aider » à faire face à une France de plus en plus incivile.

Ensuite, ce raisonnement suppose que la police doive faire un choix entre des sanctions « qualitatives », c’est-à-dire contre des infractions gênantes, et des sanctions contre des infractions qui ne gêneraient en fait personne.

JusMurmurandi aimerait rappeler que ceci est exactement la même argumentation qui a été avancée contre les radars automatiques au moment de leur installation par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur: c’était purement quantitatif, pas situé aux endroits les plus dangereux, uniquement destiné à remplir les caisses de l’État, et j’en passe.

Le résultat: des milliers de morts en moins chaque année, des dizaines de milliers de blessés, de veufs, de veuves, d’orphelins, et, pour tous, une conduite plus apaisée, moins dangereuse. Vu les chiffres en question, il est évident que la lutte contre les accidents routiers a été l’un des programmes gouvernementaux qui a fait le plus pour améliorer concrètement la vie des Français.

Alors, quand les mêmes s’excitent pour ressortir la même argumentation, soit catégorielle (les syndicats de policiers), soit politique (les opposants qui votent contre tout), JusMurmurandi leur rappelle ce que veut dire, en Français, le mot « décence »

Ah oui, mais j’oubliais. Mon argumentation ne tient pas. Je me suis contenté de compter les morts et les blessés. C’est une comptabilité purement quantitative, et pas qualitative, donc c’est nul. Désolé…. Les morts en moins, les délits en moins, les infractions en moins, il ne faudrait pas les compter….

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