La Valls des prétendants

mars 29, 2010 on 7:25 | In Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Comment danser sans pouvoir se déplacer tant à droite qu’à gauche? Imagine-t-on un quadrille ou un tango dont les partenaires traversent la piste d’un bord à l’autre, mais sans jamais pouvoir revenir? En fait, pour danser, il suffit que l’un des partenaires recule pendant que l’autre avance, et inversement. Et si c’est une valse, on tourne beaucoup, on se montre sous tous les angles, et on revient au point de départ.

Il en est de même en politique. Pour qu’il puisse y avoir une élection (une vraie, pas une farce avec un élu avec plus de 90% des « voix »), il faut des candidats tant à droite qu’à gauche.

Alors la France n’a pas de souci à se faire pour son élection présidentielle de 2012. A gauche, Manuel Valls, quadra ambitieux, s’est d’ores et déjà déclaré. Et, histoire de permettre à la danse de commencer, Alain Juppé, qui était un quadra ambitieux il y a 25 ans, et Premier Ministre il y a 15 ans se déclare aussi, pour peu que Nicolas Sarkozy ne se représente pas.

Le contraste ne saurait être plus fort. Valls veut avant tout enterrer la « génération Mitterrand » des responsables (responsables de quoi?) issus des équipes du seul Président socialiste depuis 1958. Rien moins que Aubry, Hollande, Strauss-Kahn, Fabius, Royal, qui tous ont été ministres à l’époque. Pas Valls, qui n’avait même pas 20 ans en 1981.

Quant à Juppé, si son âge n’en fait pas encore un dinosaure, et si sa condamnation populaire d’abord puis pénale ensuite lui ont valu de quitter dans une certaine mesure l’œil du public, lui évitant une surexposition médiatique, il est avant tout « l’homme de Chirac », qui, lui, a été ministre dès George Pompidou. Pas exactement un rafraichissant souffle de jeunesse.

Pour accentuer le contraste, il suffit de voir que Valls est maire d’ Evry, une « ville nouvelle » de la grande banlieue parisienne, alors que Juppé est maire de Bordeaux, la très ancienne et distinguée capitale mondiale du vin.

Il est par ailleurs significatif que Juppé se déclare juste au moment où Dominique de Villepin, l’autre « homme de Chirac », lance sa propre formation politique, destinée à le mettre sur orbite présidentielle.

Comme si Chirac, fier de sa popularité retrouvée voulait retrouver aussi les chemins du pouvoir par homme-lige interposé.

Bref, cela commence par un face-à-face entre un quadra et les poulains d’un octogénaire. Difficile de trouver une danse qui leur soit commune…

Manuel Valls

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