Pâques et la Résurrection

avril 4, 2010 on 7:35 | In Coup de gueule, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Pâques est le jour où 2 milliards de chrétiens fêtent la résurrection du Christ, promesse de leur résurrection future.

Mais aujourd’hui, les titres de la presse internationale sont consacrés à un autre sujet, qui hante l’Église catholique depuis des mois, celui des atteintes pédophiles par des prêtres. Et les accusations portent non seulement sur les actes criminels de ceux-ci, mais aussi sur les efforts constants de la hiérarchie de l’Église pour les dissimuler et murer victimes et bourreaux dans le silence.

Pendant ce temps-là, les révélations se multiplient, comme en Allemagne où le numéro pour les victimes est saturé d’appels, les Églises souffrent de désaffection, comme en Irlande, et doivent payer des indemnités qui les ruinent, comme aux États-Unis.

La presse, dans un phénomène comparable à la frénésie alimentaire des requins, cherche par tous les moyens si Benoit XVI lui-même n’aurait pas couvert, activement ou passivement, des tels actes dont il aurait du, ou aurait du avoir connaissance.

Pour autant, les déclarations du pape portent une condamnation sans appel des coupables. Il faut d’ailleurs porter à son crédit que, sitôt porté à cette fonction, il a éliminé sans faiblesse des responsables « douteux » sur lesquels s’était beaucoup appuyé son prédécesseur, le bien aimé Jean-Paul II, comme Marcial Maciel, prêtre mexicain fondateur de la congrégation des Légionnaires du Christ, pourtant pourvu de maîtresse et d’enfants dont il aurait abusé.

Alors où est le problème, si le pape condamne et purge? C’est que, comme souvent, il y a deux crimes distincts. L’original, et le suivant, qui consiste à le couvrir. Comme Nixon, qui a du démissionner, déshonoré, de la Présidence américaine, non pour le cambriolage au petit pied du Watergate, mais pour l’avoir couvert par des mensonges et des manœuvres. Laquelle couverture porte un nom en droit pénal, celui de complicité.

L’Eglise défend son droit, acquis de haute lutte il y a de nombreux siècles, de juger les siens en interne et en droit canon, ce qui équivaut à ne pas mettre le monde extérieur au courant. Donc pas de complices, et pas de démissions de ceux qui portaient la responsabilité du silence. Voir de bien pire, car dans certains cas, des prêtres « simplement » admonestés et déplacés ont pu continuer leurs agissements criminels.

C’est ce qui différencie Jean-Paul II de son successeur. Le premier, quoique théologiquement très conservateur, ainsi qu’il sied à un Polonais, était ouvert sur le monde, et n’oubliait jamais qu’il portait avant tout une responsabilité universelle. Le second, pourtant plus exigeant, se conçoit avant tout comme le pape de L’ Église, construction avant tout théologique. Et sa posture de théologien lui vaut d’être incompris de beaucoup.

Le sommet a été atteint vendredi quand le prédicateur de la maison pontificale, le franciscain Ranieri Cantalamessa (un nom prédestiné: « chantelamesse ») a comparé au cours de l’office et en sa présence les attaques contre le pape aux « aspects les plus honteux de celles contre les Juifs ». Une comparaison qui a, pour des raisons évidentes, rendu furieux Juifs et victimes des prêtres.

Mais c’est le dimanche de Pâques, pas le jour des turpitudes, mais celui de la Résurrection, qui clôt le cycle: confession des péchés,repentance, pardon.

Souhaitons donc la résurrection de l’Eglise catholique, après le même cycle.

Joyeuses Pâques!

Benoit XVI

No Comments yet

Désolé, les commentaires sont fermés pour le moment.