Une croissance lente?

avril 5, 2010 on 6:55 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Le FMI va réviser à la hausse sa prévision de croissance mondiale pour 2010, à 4%. Un chiffre phénoménal, totalement inimaginable quand le monde était au bord du gouffre il y a tout juste un an.

Il en faut pas croire que ceci sera exclusivement le fait des pays du BRIC (Brésil, Inde, Russie, Chine), car si la croissance européenne ne sera que de 0,8%, la croissance américaine sera de 3%.

Comment se fait-il que le pays dont tout est parti (le sur-endettement grotesque des ménages modestes, le levier monstrueux des banques, les techniques de sécurisation en cascade) se retrouve aussi vite à croitre prestement alors que la zone euro, beaucoup moins aventureuse, en soit réduite à un pas d’escargot?

D’abord, en regardant la chose d’un point de vue franco-français, on pourrait penser que c’est parce que notre continent a beaucoup moins souffert, la récession française en 2009 ayant été beaucoup moins violente: la baisse du pib français a été un tiers de la baisse aux États-Unis. Si on purge moins, il y a moins de récupération après.

Mais ceci n’est pas vrai du tout ailleurs. D’abord l’Espagne, qui, a connu une bulle immobilière pharamineuse, devra faire face et à une véritable dépression (chômage à 20%) et à une sortie ultra-lente, et tardive.

Ensuite parce que de nombreux pays européens sont entrés en crise avec déjà des déficits publics beaucoup trop élevés, ayant gaiement dépensé pendant la phase de croissance, et donc n’ayant pas du tout préparé les années de vaches maigres. Si la Grèce est l’exemple le plus connu, l’Italie et la France sont clairement dans ce cas.

Mais l’Allemagne est sur un modèle tout à fait différent. Sa récession a été forte, quasiment le triple de la France, du fait de la chute de ses exportations. Quand on en vit, ce qui est leur cas, la baisse des marchés mondiaux se répercute nécessairement chez soi. Mais on en profite aussi à la reprise. Et la chancelière Angela Merkel a fait voter une hausse brutale des impôts pour ne pas laisser le pays s’enfoncer dans le déficit public.

Tout le contraire de la France, qui exporte de moins en moins à mesure que son industrie décline. De ce fait, l’économie n’a pas importé beaucoup de baisse du reste du monde, et n’importera pas non plus de retour à la croissance.

Et comme le gouvernement ne veut rien faire de brutal, ni hausse d’impôts ni coupes sombres dans les dépenses publiques, les déficits s’envolent.

Un jour, il faudra bien que les conséquences de cette divergence fondamentale trouvent leur solution, comme la montée en pression du magma finit par une éruption volcanique.

Les députés allemands, très réticents à payer pour les cigales grecques, ont suggéré que la ventes de quelques îles serait une bonne solution. De là à ce qu’ils nous demandent de leur vendre la Corse, il n’y a qu’un pas, qui, au rythme actuel, sera vite franchi.

Le problème, c’est qu’une majorité de Français pourrait bien accepter. Non, je plaisantais. Non, vraiment, c’était pour rire…

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