Farewell my Grande-Bretagne

mai 11, 2010 on 8:02 | In Economie, Europe, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Voilà, c’est fait: l’euro et sa zone ont gagné un temps de répit grâce au plan de solidarité géant mis en place ce week-end. Il faut dire que 750 milliards d’euros, ça en impose! Il s’en est suivi hier une très forte hausse des bourses européennes. Notamment, les cours certains titres financiers ont littéralement explosé, prenant plus de 20%: AXA, Société Générale, BNP Paribas.

Ne pensons pas qu’il s’agisse uniquement d’investisseurs brûlant du désir de posséder ce qu’ils avaient brûlé la veille. Il s’agissait aussi de couvrir au plus vite des positions vendeur (donc à découvert). JusMurmurandi a toujours un sourire à la pensée de spéculations à la baisse quand elles se révèlent massivement perdantes. Gagner en jouant la baisse et en plongeant les marchés dans une spirale ravageuse n’est pas une activité si utile que cela…

Mais, derrière ce succès se profile un désastre. Pas celui de l’eurozone, pour qui le plus dur reste à faire. Après tout, l’annonce indique que des pays très endettés vont pouvoir emprunter pour tirer d’affaire des pays surendettés, ce qui n’est pas vraiment un trait de génie. Non, maintenant, il va falloir mettre de l’ordre dans les finances nationales, et réduire les gigantesques déficits budgétaires, de préférence sans casser la fragile et lente reprise économique européenne. Et là, tout génie sera le bienvenu pour montrer comment faire, surtout après des décennies de laisser-aller.

Pour donner un ordre de grandeur, la France, pas (encore) le pays le plus atteint, a un déficit budgétaire qui fait grosso modo la moitié de son budget. Donc, pour le combler d’un coup, il faudrait doubler tous les impôts… T.V.A. à 39,2%, impôts personnels avec une tranche à 100%, etc…. vaste programme… Et si on ne le comble que « progressivement », la dette augmente chaque année, et, avec elle, la charge d’intérêts, ce qui absorbe une partie des durs efforts d’assainissement.

Non, le désastre qui va frapper sera beaucoup plus rapide que le nôtre. Car un pays a résisté aux charmes de l’Euro, tel le village d’Astérix. Un pays européen, mais d’un pied seulement. Un pays qui aborde la phase actuelle dans de très mauvaises conditions, avec un déficit du budget encore 50% plus élevé que le nôtre, et une dette totale qui pèse 94% de la richesse nationale. Et, plus grave encore, avec une économie assise sur une très forte activité financière, donc plus atteinte par la crise que celles des pays continentaux. Et, pour couronner le tout, comme si cela ne suffisait pas, une gueule de bois issue d’un bulle immobilière majeure, et un système bancaire largement nationalisé.

Ce pays, vous l’avez reconnu, c’est notre cher voisin, la Grande-Bretagne. Laquelle vient de se donner en la circonstance, un parlement où aucune majorité n’existera sans coalition, ce qui est encore un facteur négatif de plus.

Le problème n’est pas que la Grand Bretagne soit véritablement en pire état que ses voisins, ou que son sauvetage soit moins indispensable. Non, le problème est que sa monnaie est isolée, et donc relativement petite, donc facile à faire chuter. En 1993 déjà un homme quasiment seul, George Soros, l’avait fait plier, dévaluer quitter le Système Monétaire Européen, et avait gagné énormément d’argent au passage.

Il est plus que probable que les vendeurs à découverts se sont déjà repositionné sur la livre sterling après leur échec sur l’euro. Et là, compte tenu de son isolement, il est à craindre que la Grande-Bretagne apprenne à la dure que, si la littérature donne l’exemple de la vaillante résistance d’Astérix, il y a aussi le destin funeste de la chèvre de Monsieur Seguin….

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