Sale temps pour l’opium…

mai 15, 2010 on 7:07 | In Economie, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

L’opium, vous connaissez? Ce dérivé du pavot était une des drogues favorites du début du XXe siècle, dont on dit que certains chefs-d’œuvre artistiques sont nés sous le charme de sa fumée entêtante.
Mais l’opium permet aussi d’en tirer de la morphine, légale, et de l’héroïne, qui l’est beaucoup moins. Cette illégalité, ainsi que les paradis artificiels auxquels elle permet aux toxicos friqués d’accéder explique le prix élevé de l’héroïne, et, en remontant la chaîne, de l’opium, et du pavot.

Or la pavot provient à plus de 90% d’Afghanistan, où il pose un problème complexe aux Américains. Faut-il le combattre, et priver les paysans afghans de leur source de revenus, ce qui les précipite dans les bras ouverts des Taliban? Faut-il en tolérer la culture, ce qui favorise le commerce de l’héroïne destinée avant tout au marché américain, et qui constitue la principale source de revenus des mêmes Taliban?

Or un fait nouveau vient bouleverser cette impossible équation: un parasite attaque le pavot, menaçant jusqu’à 50% de la récolte à venir. Bien entendu, les Taliban expliquent que ce parasite est l’œuvre de la recherche agronomique américaine, etc… Bien entendu les Américains expliquent qu’ils n’ont rien à voir avec cela, qu’il y a déjà eu des parasites du pavot avant celui-ci, et que celui-ci ne s’attaque pas exclusivement au pavot mais s’étend par contagion à d’autres cultures, sans aucun lien avec l’opium et ses dérivés.

Au XIX siècle, Karl Marx disait que « la religion était l’opium du peuple », ce qui voulait dire que la religion aidait à anesthésier le peuple pour qu’il se tienne tranquille. Si on devait trouver un équivalent moderne, ce seraient les déficits publics. Dépensez beaucoup, et le peuple sera tranquille. Reprenez ces avantages et il s’agitera.

Mais la crise de confiance des marchés envers la dette souveraine des États trop dépensiers menace cet opium-là. Et un parasite les attaque, qui a déjà contaminé la Grèce, l’Espagne, le Royaume-Uni et le Portugal, en moins de deux semaines.

On attend avec intérêt comment la France va réagir à l’attaque de ce parasite, après celles de la pollution nucléaire de Tchernobyl (qui n’a, comme chacun sait, jamais passé les frontières françaises), de la grippe A (quel gâchis!), et du nuage volcanique (pas d’exception française, cette fois-ci).

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