Nicolas Hayek n’était pas une Swatch

juin 29, 2010 on 7:12 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, France, International | Commentaires fermés

La preuve que Nicolas Hayek n’était pas une Swatch, c’est qu’il est mort de façon tout à fait inattendue, à 82 ans, dans les bureaux de sa société. Alors que, d’une montre de qualité, on peut tout attendre, mais pas l’inattendu.

Inattendu est peut être le mot qui résume le mieux cet homme d’origine libanaise qui a non seulement sauvé mais carrément réinventé l’horlogerie suisse. Rappelez-vous, cette industrie fière de sa qualité qui produisait non seulement des montres de luxe -un petit créneau- mais l’essentiel des montres de qualité qui marquaient l’adolescence des enfants de bonne famille, ou un certains succès pour les adultes.

Oui, mais voilà, comme dans nombre d’industries, le coût de production suisse a fait grimper les prix et ouvert la porte à des concurrents plus affutés. Et l’évolution technologique a permis de créer des montres électroniques et des montres à quartz, plus précises et moins coûteuses que les mécanismes suisses. D’où le déclin de l’industrie suisse, pourtant emblématique de ce pays.

C’est là qu’est entré en scène Hayek, avec une combinaison de marketing génial, innovant et de production rigoureuse. Il créé la marque « Swatch », presque comme « switch », « changer » en anglais, et offert une gamme à la fois à la pointe de la modernité et d’un prix suffisamment bas pour que chacun puisse s’en offrir soit une soit plusieurs. Le tout avec un marketing planétaire agressif, qui a rapidement fait de Swatch une marque mondiale, la première dans ce créneau. Ce qui lui a donné un volume lui permettant de produire, même en Suisse, à des coûts sans concurrence. Le cercle vertueux était bouclé, et Swatch n’a cessé de croître en taille et en rentabilité.Le tout dans la durée. A la fin des années 80, des professeurs de marketing des plus grandes universités se demandaient comment Swatch réussissait à durer aussi longtemps…

Le marketing génial de Hayek jusque sur les immeubles...

Nicolas Hayek s’est même offert au passage certaines des plus belles marques de montres suisses traditionnelles, comme Bréguet, Blancpain, Omega ou Longines. Et pour tout ce beau monde, y compris ses concurrents, Swatch vend des composants sortis de ses usines, qui combinent performance de pointe et coût ultra-compétitifs.
En inventant le « Swatchbeat », sorte de temps universel, il imaginait même battre la mesure de l’heure à l’échelle planétaire. C’est également lui qui a pour une bonne part inspiré le véhicule citadin Smart.

La question que se pose JusMurmurandi aujourd’hui est la suivante: quand on voit un « homme providentiel » comme Hayek transformer à lui seul une désindustrialisation apparemment inévitable en succès retentissant, avec 5 milliards de franc suisses de chiffre d’affaires, et 23.000 employés dans 160 usines à la clef, est-il judicieux de lui contester le droit de se payer comme un roi et de vivre comme un nabab?

Puisqu’il est de bon ton, en France, de « détester les riches », comme l’a si bien dit François Hollande, et de vouer à l’enfer de l’immoralité tous ceux qui ont un revenu, un capital, une situation ou des habitudes qui dépassent la classe moyenne, fallait-il détester Nicolas Hayek, cet entrepreneur de génie, ce fabuleux créateur de richesse, cet homme qui, avec ses entreprises, a payé tant d’impôts qui ont permis aux politiques d’avoir des moyens d’agir?

JusMurmurandi pense tout le contraire, et salue la mémoire de Nicolas Hayek, homme génial, espèce en voie de disparition

Nicolsa Hayek

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