La leçon allemande

août 5, 2007 on 3:39 | In Economie, France, International | Commentaires fermés

Les Allemands aiment bien faire la leçon aux Français. Leur en remontrer en matière de vertu budgétaire, puisque nous ne faisons pas les efforts et nous ne consentons pas à faire les sacrifices qui sont faits chez eux. Leur reprocher leur interventionnisme en matière industrielle, comme lorsque Nicolas Sarkozy, alors Ministre de Finances, a engagé l’argent de l’Etat pour sauver Alstom, menacé de sombrer sous le poids de ses folies.

Sur ce plan, savez-vous ce qu’est la IKB? C’est une banque allemande spécialisée dans le financement des entreprises moyennes, un segment vital et exceptionnellement actif de l’économie allemande.

Cette banque, au demeurant pas très importante par rapport à des géants comme la Deutsche Bank, a fait passer un frisson de terreur dans le dos de tous les financiers d’Europe. Tout simplement parce qu’elle s’est permis de mettre du beurre dans ses épinards en risquant des sommes colossales sur le marché risqué du crédit immobilier américain aux acheteurs les plus endettés.

Certes, à court terme, ces prêts rapportent plus, et les bénéfices de la banque gonflent en même temps que les bonus de ses dirigeants et le cours de ses actions. Mais ce taux élevé rémunère un risque élevé, ce que ces banquiers allemands semblent avoir oublié.

Résultat: quand les taux d’intérêts américains augmentent, les valeurs immobilières baissent, ce qui plombe doublement la situation des emprunteurs les plus endettés, confrontés à de fortes augmentations de leurs remboursements et à un bien donné en garantie dont la valeur baisse.

La place de Franfort, effarée, apprend ainsi que l’IKB a engagé 17,5 milliards d’euros sur ce seul segment immobilier à fort risque. Et qu’elle va certainement perdre des milliards d’euros (il est trop tôt pour savoir combien, mais les estimations vont de 4 à 8 milliards), ce qui la mettrait en faillite et ferait courir un risque à toutes ses consoeurs.

Les Allemands, pour une fois pas regardants sur la méthode, combinent argent public et argent privé pour injecter dans IKB la fortune nécessaire à éponger ses folies avant que le public ne s’émeuve et qu’une grave crise de confiance ne se développe.

Ce n’est pas la première fois que ceci arrive en Allemagne, qui a déjà connu des scandales financiers, comme celui de Metalgesellschaft sur les marchés de produits dérivés en 1994.

JusMurmurandi fait le pari que, pendant un temps au moins, Berlin fera moins la leçon à Paris sur le thème de l’intervention de l’Etat pour secourir les entreprises menacées.

Et que l’argent injecté dans IKB ne fera pas faire à l’Etat allemand la belle plus-value que l’Etat français a faite en sauvant Alstom.

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