Déprimer et détester

août 4, 2010 on 8:51 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

La France déprime. Toutes les études le montrent: alors que leur sort n’est pas, et de loin, le moins enviable, les Français ont le record du moral dans les chaussettes. Aucun projet, aucun idéal, sauf des revendications toujours croissantes que l’État fasse toujours plus, et eux toujours moins.

La durée de vie s’allonge, et donc de retraite, mais pas question de cotiser plus ou plus longtemps pour financer ces années de rabiot. Pas question, non plus de se réjouir de cette longévité accrue, non seulement quantitativement, mais aussi qualitativement. Jamais avare d’une contradiction, le PS, par la voix de son premier secrétaire Martine Aubry jure que, parvenu au pouvoir, il rétablira la retraite à 60 ans, sans dire évidemment comment il fera pour financer.

Car il semble bien que personne n’ait le courage, parmi la classe politique, de prendre au sérieux le double problème de notre déficit et de notre dette, problème ouvert quand François Mitterrand en 1981 commença à financer des dépenses sans mettre en face des recettes. Depuis, tous ses successeurs, de droite comme de gauche ont profité de cette lâche facilité qui consiste à donner à ses électeurs sans fâcher les contribuables, eux aussi électeurs.

Sarkozy lui-même ne semblait pas véritablement pressé de faire mieux, sauf que la crise grecque est passée par là, et que le temps de folies à crédit est passé.

Ce qui fait de notre pays une singularité, car depuis l’Islande jusqu’à la Grande-Bretagne, toute l’Europe se serre la ceinture. Même l’Allemagne, pourtant beaucoup moins endettée que la moyenne, et disposant d’une machine de guerre économique en bien meilleur état, s’oblige à une cure d’austérité féroce pour remettre ses finances à l’indispensable équilibre.

En fait, la seule chose qui semble fédérer les Français, c’est la détestation des riches et du pouvoir, aujourd’hui sarkozyen. Ce qui est intéressant, et triste, c’est de se demander à quelle période passée se rapporte la nôtre, quand les Français refusent l’effort fait par les peuples des autres nations européennes, et se réfugient dans les promesses dispendieuses et non financées et la détestation de l’autre. Et de fait, il y en a une à laquelle le temps présent ressemble beaucoup.

Pendant que les Allemands (tiens, déjà!) réarmaient, les Français élisaient le Front Populaire. Et quand le Président du Conseil, Daladier, se trouva à Munich en 1938 pour un sommet où la France abandonna son allié tchécoslovaque et son honneur dans l’illusion d’avoir calmé l’appétit hitlérien, il savait ce qu’il faisait. A l’atterrissage au Bourget, son avion était attendu par une foule immense qui, à sa grande surprise, l’acclama. Laquelle foule voulait tout, sauf l’effort et le courage. On connait la suite…

Il ne put que murmurer entre ses dents: « les cons…. »

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