Que faire avec le Pakistan?

août 24, 2010 on 8:19 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Les Pakistanais sont frappés par une catastrophe naturelle de grande ampleur. Des millions d’entre eux ont tout perdu dans des inondations catastrophiques, et le pays a un besoin extrêmement urgent d’aide internationale pour venir en aide à ces réfugiés pour éviter leur mort de faim ou de maladie.

Jusque là, le schéma est assez simple, semblable à celui de Haïti ravagé par un terrible séisme. Ce qui est plus curieux est la réticence des pays habituellement donateurs à se mobiliser, réticence qui ne doit rien aux vacances du mois d’août.

Le problème, c’est que le Pakistan n’a pas vraiment l’image d’un premier de classe. Un pays où règle une corruption endémique de la classe politique, dont les membres s’entretuent. Son Président, surnommé « Monsieur 15% » est d’ailleurs le veuf de Benazir Bhutto, tuée dans un attentat, et elle-même fille d’Ali Bhutto, Président pendu en son temps par les militaires.

Mais enfin, la corruption à elle seule ne suffirait pas à dégoûter les donateurs, sinon Haïti n’aurait pas reçu d’aide non plus. Alors, où est le problème?

C’est dans le rôle géopolitique du Pakistan, qui est une puissance nucléaire. Déjà, imaginer que les dirigeants pakistanais laissent leur peuple dans la plus totale misère pendant qu’ils financent un programme de développement nucléaire a de quoi choquer même des esprits empreints de realpolitik. Mais ce n’est pas tout, cette technologie nucléaire, le Pakistan l’a laissé disséminer par le réseau du sinistre Dr A.Q. Khan, qui l’a vendue (entre autres) aux Libyens, qui ont sagement choisi de s’en débarrasser, aux Nord-Coréens et aux Iraniens. Et quoique les autorités pakistanaises aient officiellement condamné les actes du Dr Khan, celui-ci a été libéré de prison et est à de fort confortables arrêts domiciliaires, confortant la thèse suivant laquelle son lucratif business de marchand d’Apocalypse enrichissait aussi les autorités militaires de l’État pakistanais, et peut être civiles aussi.

Mais il y a encore plus. Si, officiellement, le Pakistan aide les États-Unis dans leur lutte contre la rébellion Taliban en Afghanistan voisin, beaucoup doutent que ce soutien soit si unilatéral que cela. Il y aurait de nombreux indices qui montrent que les militaires pakistanais, et notamment les tout-puissants services secrets jouent sur les deux tableaux, persuadés que les Américains finiront par partir, et les Taliban par revenir, et que ce jour-là il faudra bien cohabiter avec eux pour ne pas voir le Pakistan à son tour devenir un État musulman extrémiste à la mode iranienne. Il semble notamment que les Taliban « bénéficient » de bases arrière au Pakistan, notamment au Waziristan, que les forces armées pakistanaises se gardent bien de déranger, et que ce soit au Pakistan que Osama Bin Laden, s’il vit toujours, se cache.

Ce qui fait que les Américains aident et arment le Pakistan, mais s’autorisent aussi des frappes militaires sur son territoire, le plus souvent à partir de drones, au mépris total de sa souveraineté, et des morts civiles « collatérales » qu’elles entraînent.

Et dans tout cela, que deviennent-ils les sinistrés et réfugiés pakistanais en danger de mort? Pas grand chose, évidemment. Il faut attendre le résultat des calculs sur la longueur de la cuiller qu’il convier d’employer quand on veut dîner avec le Diable… et survivre.

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