Rendre des comptes, ou marcher sur la tête?

août 30, 2010 on 10:00 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Les législateurs californiens ont voté un texte qui laisse JusMurmurandi sans voix, perdu entre ahurissement, incrédulité et consternation. Tout société qui veut concourir pour le marché du train à grande vitesse dans cet État, reliant Los Angeles à San Francisco, devra désormais faire la lumière sur son rôle vis-à-vis de l’Holocauste, et notamment dans le transport des Juifs vers les camps de la mort.

Le propos de cet article n’est pas d’entrer dan le débat historique de ce que la SNCF, seul candidat visé par la loi, a fait ou n’a pas fait, et ce sous contrainte ou non. Ce qui est hallucinant, c’est de voir à quoi rime ce texte dans le contexte de la concurrence internationale.

Car la SNCF a deux concurrents pour ce très gros marché. L’un est japonais, et l’autre chinois. Le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’auront aucun mal à s’exonérer de toute mauvaise action à l’encontre des Juifs d’Europe, ce qui rend le texte fortement discriminatoire.

Mais là où JusMurmurandi hallucine véritablement, c’est devant la nature éminemment morale de l’exigence californienne, alors que les concurrents sont japonais et chinois.

Ce n’est pas nier l’Holocauste que de dire que le Japon, ses entreprises et ses soldats, se sont épouvantablement, monstrueusement conduits pendant la seconde guerre mondiale, violant la Convention de Genève, perpétrant des massacres barbares à grande échelle, tuant des dizaines de milliers d’Américains dans une guerre dont ils ont déclenché le premier acte à Pearl Harbor sans déclaration officielle et en violation de tous les traités internationaux pour pouvoir mieux prendre leur adversaire par surprise.

Ce n’est pas nier l’Holocauste que de dire que la Chine n’est pas aujourd’hui, pas plus qu’hier d’ailleurs, un modèle de respect des droits de l’homme. Le Tibet, les Ouïghours ont sont les douloureux témoins et victimes, de même que tous les opposants politiques enfermés dans l’infâme Lao Gai (l’équivalent chinois du Goulag lénino-stalinien), ou les pratiquants du Falun Gong.

Comme il est avant tout reproché à la SNCF de ne pas avoir fait de repentance, ni morale, ni surtout financière, de ce qu’elle est accusée d’avoir fait, JusMurmurandi ne peut que constater que le Japon n’a jamais repentance pour ses horreurs de guerre, et que ses manuels scolaires ne l’enseignent pas comme fauteur, mais comme victime. A la différence de l’Allemagne, dont le travail de vérité et de repentir force le respect. Quant à toute repentance de la Chine pour ce qu’elle perpètre au moment où nous parlons, il ne saurait être question, bien au contraire.

JusMurmurandi ne peut donc que constater que, pour le législateur M. Blumenfeld, initiateur du projet, les morts y compris américains au mains des Japonais ne pèsent rien par rapport aux morts juifs d’Europe. Que les morts d’aujourd’hui en Chine sont moins une bonne cause que les Juifs d’hier, alors même qu’il serait peut-être possible de faire quelques chose pour les uns, mais plus pour les autres, morts il y a plus de 65 ans.

Bien entendu, il est impossible de ne pas voir dans ce texte une tentative de plus pour faire condamner la France à de gigantesques réparations financières, alors même que des plaintes identiques ont déjà été rejetées par un tribunal français et un américain. Ce qui ne peut être obtenu par voie judiciaire est donc maintenant exigé par une forme de chantage économique.

Car y aurait-il un avantage moral à éliminer la SNCF pour attribuer le marché à un conglomérat d’État chinois ou à une grande entreprise japonaise déjà très active entre 1941 et 1945?

Il est déplorable que l’Holocauste soit ainsi instrumentalisé à des fins dont l’intérêt financier n’est pas exclu, suivant la doctrine du Congrès Juif Mondial présidé en son temps par Edgar Bronfman. Il est déplorable qu’Alain Lipietz, hiérarque Vert, c’est-à-dire en théorie très à cheval sur l’éthique et la morale, abandonne tout regard critique au motif qu’il est fils de déporté. JusMurmurandi se demande avec intérêt comment il expliquera aux ouvriers d’Alstom pourquoi il était si important de faire perdre la SNCF.

Enfin, et même si c’est scabreux, il n’est pas sans intérêt de noter un fait d’actualité. La deuxième population la plus importante en nombre parmi les massacrés des camps nazis étaient, après les Juifs, les Roms, eux aussi exterminés pour la seule raison de leur appartenance à un groupe ethnique. Les Juifs ont, depuis l’Holocauste, un crédit moral sur le monde, crédit que certaines des outrances israéliennes mettent à forte contribution. Mais les Roms, qui leur fait le moindre crédit d’avoir été les victimes des barbares nazis? Pourquoi les Juifs et pas eux?

Quand à M. Blumenfeld, il ferait bien de se rappeler non seulement les morts américains aux mains des Japonais, mais aussi que les forces Alliées ont fait le choix de ne pas consacrer de ressources militaires à interrompre, en bombardant les voies de chemin de fer par exemple, le fonctionnement des camps de la mort. S’il faut que la SNCF se justifie et rende d’éventuels comptes, il faut alors que tout le monde en rende… et la vérité a posteriori peut être cruelle et injuste…

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