Un jugement qui donne des Bouton?

octobre 6, 2010 on 11:39 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

La question qui se pose n’est pas « Kerviel est-il coupable? », mais bien « faut-il le condamner? ». Car sa culpabilité, au moins sur la base des documents parus dans la presse, ne fait aucun doute.

Mais, si, comme le soutient encore le condamné de ce matin, toute la culture de la Société Générale était favorable aux transgressions des instructions et des limites dès lors que cela rapportait de l’argent, que plusieurs autres employés de la SocGen étaient au courant, et que les actions de Kerviel n’étaient pas uniques, sauf en ce qui concerne leur invraisemblable magnitude, alors la question de sa condamnation se pose véritablement.

L’autre leçon de ce matin est, toujours si l’on en croit ce qu’ont rapporté les média, le choc de Kerviel après sa condamnation. Comme s’il n’avait pas compris ce qu’il a fait, ou que, quand on a fait ce qu’il a fait, il y a un vrai risque d’être condamné.

Évidemment, il y a une tentation de clamer qu’il n’est que le lampiste et le bouc émissaire de l’affaire. Comme les banques ne sont pas exactement en odeur de sainteté côté moralité de leurs actions, qui ont joué un rôle déterminant dans la survenance de la crise mondiale de 200-2009, faire de Kerviel la victime expiatoire des fautes du système est facile.

Sans rentrer dans ce débat-là (ou déballage), le minimum qu’on peut mettre à charge de la Générale est qu’il a finalement été très facile à un individu pas forcément exceptionnellement doué d’engager en son nom une cinquantaine de milliards de dollars. Et ça, rien que ça, suffit à faire froid dans le dos. Comme en outre un certain nombre d’avertissements à la banque n’ont rien donné, JusMurmurandi trouve que la responsabilité de l’établissement bancaire est bien quelque peu engagée, ne serait-ce qu’au niveau négligence.

Bien sûr, la banque nous dit maintenant que tout ceci ne saurait en aucun cas se reproduire, que toutes les mesures ont été prises… mais pourraient-ils dire autre chose?

Et pour un Kerviel mis à nu parce que des circonstances exceptionnelles ont généré une perte gigantesque, combien sont restés inconnus du grand public, soit parce qu’ils étaient gagnants, soit parce que le débouclage, meurtrier dans le cas des opérations du jeune trader, a pu se faire dans de meilleures conditions?

Bref, beaucoup de questions sans réponses, qui sèment le doute et le trouble.

Et que Kerviel soit le seul à porter le chapeau, puisque le tribunal l’a condamné à rembourser la banque, paraît vraiment n’être que la partie émergée de l’iceberg. Ce qui correspondrait, en gros, à 90% de l’affaire qui resteraient bien cachés.

Quand à voir Jérôme Kerviel rembourser la somme astronomique qu’il doit désormais, il faudrait qu’il travaille 170.000 ans pour y arriver. A l’heure où le Parti Socialiste veut revenir à la retraite à 60 ans, le contraste est saisissant. A moins, bien sûr, que Kerviel, pour y parvenir, ne se remette à son ancien métier, avec les mêmes abus extravagants pour lesquels il a été condamné, et qu’il n’ait une « main » gagnante du même montant. Mais, non, c’était juste pour rire…

D’autant plus qu’à bien y regarder, un Kerviel, ça ne fait qu’à peine cinq Banier…

Jérôme Kerviel

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