La valse des monnaies

novembre 11, 2010 on 9:04 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | 2 Comments

Vous avez aimé le sirtaki des Grecs, quand leur pays a frôlé la faillite, alors vous allez adorer la ballade des Irlandais, qui doivent payer pour leur dette souveraine des taux d’intérêt de 9%, soit le triple de ce que payent les Allemands. Inutile de dire que de tels taux présupposent que le pays va -au moins- frôler l’insolvabilité à court terme.

Les Grecs eux-mêmes, si récemment tirés de l’ornière par un gigantesque prêt des autres pays européens, n’aident pas les Irlandais à s’en sortir quand leur ministre des finances indique que leur pays n’atteindra pas en 2010 l’objectif fixé -et promis-juré- de réduction de son déficit abyssal et structurel.

Mais la maladie irlandaise n’est pas la même que le mal grec. Chez ces derniers, c’est un déficit public aussi abyssal qu’endémique qui a miné la confiance des marchés. Chez les Irlandais, c’est la nécessité de renflouer les 5 principales banques du pays, égarées dans une dérive « Ã  l’islandaise ». Il suffit de se représenter un quadruplement des prix immobiliers en 10 ans pour comprendre ce que le mot « bulle immobilière » veut dire. Et, comme les revenus n’ont pas suivi, il va de soi que les remboursements des emprunteurs étaient de plus en plus hasardeux et dépendants d’une poursuite d’une hausse sans fin des prix des logements.

Le résultat est que le sauvetage des banques coutera à l’Irlande jusqu’à 50 milliards d’euros, que son déficit public atteint cette année 30% oui, 30% du p.i.b., et que la baisse dudit p.i.b. depuis le début de la crise atteint 10%.

Et, comme un « bonheur » ne vient jamais seul, la hausse vertigineuse des taux irlandais entraine celle d’un autre pays malade de son immobilier, l’Espagne.

Sauf que, sauver la Grèce pouvait se justifier parce que c’était un pays somme toute atypique et peu important en termes de sauvetage. De même avec l’Irlande. Mais l’Espagne, s’il fallait en arriver là, est d’un tout autre calibre.

D’autant plus qu’Angela Merkel, déjà pas enthousiaste quand il lui a fallu danser le sirtaki, a prévenu que, s’il fallait renflouer tout le monde, alors il faudrait que tout le monde mette au pot, y compris les détenteurs privés de dette des pays atteints. En d’autres termes, que ceux qui, en ce moment, se gavent avec de la dette souveraine en euro à fort taux d’intérêts ne doivent pas se croire à l’abri des risques d’une bonne vieille restructuration de la dette, à la mode russe, argentine ou mexicaine.

Bref, avec les facéties de tous ces pays, nous n’avons pas fini de danser sur un volcan financier. Notre seule consolation est que les plus grosses monnaies du monde, le dollar, le yen et le yuan ont eux-mêmes la danse de Saint-Guy. Les Américains hurlent que le yuan est sous-évalué artificiellement pour faciliter les exportations chinoises. Lesquels répliquent que les Américains en font autant en injectant 600 milliards de dollars pour accélérer leur rebond économique et résorber un chômage de 10%. Tandis que cette masse d’argent va inonder les pays émergents qui bénéficient d’une forte croissance, notamment ceux du BRIC, provoquant au passage une forte inflation des valeurs d’actifs, immobilier en tête.

Bref, comme vous le voyez, le sujet des monnaies a de quoi donner le tournis. Pourvu que ce ne soit pas une danse macabre…

2 commentaires

  1. Cher Jus, moi c’est la baguette qui me donne le tournis : ce matin mon brave boulanger l’affiche benoitement à 1 euro, au lieu de 0,85 hier !
    6,55 le bout de pain … et je ne me suis même
    point rebellé ; l’ habitude, sans doute …
    Alors la dette des Irlandais … ils n’ont qu’Ã
    mettre leurs banques en faillite, comme ça, plus
    de remboursement ! J’sais pas moi, c’est ce que je ferais !

    Commentaire by jerome — 12 novembre 2010 #

  2. Cher Jérôme, ce n’est pas l’envie qui manque de laisser les banques qui ont fait des folies se planter. Le problème est que des banques « plantées » cessent de distribuer des crédits, ce qui asphyxie instantanément l’économie. La juste colère des citoyens déboucherait donc sur un désastre…

    Quand à votre observation sur le prix de la baguette, je suis moi-même sidéré par l’inflation des « petits prix » depuis que nous sommes passés à l’euro, depuis la place de cinéma à FF 80 jusqu’au prix des parkings parisiens, où un prix de FF90 de l’heure est banal. Merci Vinci et Eiffage…
    Ajoutez à cela le prix du café, et il semble bien, intuitivement, que la passage à une monnaie plus importante en valeur unitaire ait permis à certains de profiter de manière effrontée et éhontée de ce que « cela faisait moins mal psychologiquement » de payer des tous petits montants en euros qu’en francs…

    Commentaire by JM2 — 12 novembre 2010 #

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