Sommes-nous Grecs ou Irlandais?

novembre 23, 2010 on 6:16 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, Insolite, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Et si nous étions les deux? La question est moins loufoque qu’il n’y parait. Les Grecs vivaient, par la grâce de politiciens aussi lâches que désireux de gagner les prochaines élections, avec un État dont les dépenses étaient très au-dessus de leurs moyens. Nous aussi. La seule différence est une différence de quelques années. Encore un peu de temps et nous serons Grecs.

La crise irlandaise, elle, est de nature très différente. Ce n’est pas une crise des finances publiques, comme en Grèce ou au Portugal, ou, bientôt, en France, c’est une crise de finances privées. Les banques irlandaises, au mépris de toute prudence, ont financé une activité économique accélérée en prenant des risques très, très exagérés. D’où une forte croissance économique, qui a donné à cette petite île le surnom de « tigre celtique », des finances publiques en excellent état, et une population ravie.

Le problème est que toutes les bulles finissent par éclater, un jour ou l’autre, et que plus elles ont duré longtemps, plus forte est la gueule de bois qui s’ensuit. Alors, quel rapport avec nous, dont les banques ont été, dans l’ensemble, très raisonnables? C’est que les Irlandais refusent de faire les sacrifices qu’exigent l’Union Européenne et le Fonds Monétaire International. Ils font pression sur le gouvernement pour qu’il refuse. Ils ont déjà obtenu un premier succès, à savoir que le parlement sera dissous en janvier et qu’ils seront appelés à des élections générales. Comment des élections pourront leur redonner une richesse qu’ils ont le sentiment d’avoir perdue, alors qu’en fait ils ne l’ont jamais eue, vu que ce n’était que de l’abus de crédit, est un mystère pour JusMurmurandi. Entre temps, les Irlandais sont devenus furieusement anti-européens, comme si c’était à Bruxelles, qui les a si longtemps et si puissamment aidés, que résidait la source de leurs problèmes.

Les Européens ne sont pas prêts, pour leur part, à être très conciliants avec les Irlandais au moment où, à peine 6 moins après avoir un plan de sauvetage in extremis de la Grèce à hauteur de 110 milliards d’euros, il s’avère que cela ne suffit pas. Le cynisme avec lequel les Irlandais ont laissé leurs banques profiter à outrance des largesses de la BCE au lieu d’affronter le problème, n’est d’ailleurs pas forcément bon signe non plus.

Le rapport avec nous? Des Français furieux, exigeant qu’on leur redonne une retraite à 60 ans qu’en fait ils n’ont jamais eue, parce que, depuis le premier jour, elle n’a été financée que par des abus de distribution d’un système par répartition qui a usé et abusé de l’emprunt pour tenter de retarder le plus possible le jour de la gueule de bois!

Des finances publiques à la Grecque, des régimes sociaux à l’Irlandaise. On ne pourra pas dire que nous ne savions pas…

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