Un PDG surnommé Macintosh

septembre 9, 2007 on 11:38 | In Economie, France | 1 Comment

Qui était Philippe Jaffré, grand patron français mort la même semaine que Luciano Pavarotti, et, comme lui, prématurément, d’un cancer?

Aussi mince que Pavarotti ne l’était pas. Aussi peu à l’aise face à la foule que Pavarotti l’était. Aussi peu romantique que possible, au point que son absence d’émotion visible l’avait fait surnommer « Macintosh », du nom de l’ordinateur devant lequel, en tant que PDG d’Elf, il passait la plupart de son temps.

Cet esprit brillant et secret, énarque, Inspecteur des Finances qui fut patron du Crédit Agricole et d’Elf Aquitaine avant de terminer N°2 d’Alstom a atteint la célébrité quand Elf fut acheté, malgré la défense montée par Jaffré, par Total. Cette bataille, conjuguée au redressement brutal des comptes d’Elf après les années dispendieuses de Loik Le Floch-Prigent, fit monter fortement les cours, et, au passage, valorisa les stock-options de Philippe Jaffré à quelques 200 millions de francs, ce qui fit scandale.

Poutant, autant il est possible de s’indigner des packages généreux accordés à des patrons faillis, autant les actionnaires d’Elf ont eu toute raison de penser que l’argent donné à Jaffré avait été bien mérité. Car certes, patron-voyou, Philippe Jaffré ne l’était pas.

Il ne l’était pas car il travaillait énormément, ce qui n’est pas le propre des voyous. Il avait le culte du devoir, du travail bien fait, et par dessus tout de la performance, ce qui n’entre pas précisément non plus dans le portrait-type du voyou. Il ne l’était pas, car ce n’était ni pour la gloire ni pour l’argent qu’il avait accepté de devenir N°2 d’Alstom, groupe en grande difficulté qu’il contribua, avec le PDG, Patrick Kron, et Nicolas Sarkozy, alors Ministre des Finances, à sauver.

Enfin, pour être voyou, Philippe Jaffré eût du faire preuve d’émotion. Il y avait 50.000 personnes qui ont applaudi à tout rompre la sortie du cercueil de Luciano Pavarotti. Combien seront-ils à celles de Philippe Jaffré?

Un commentaire

  1. Le jour ou les funérailles d’un grand patron seront aussi suivies et applaudies que celle de Pavarotti, cela voudra dire que la France s’est réconciliée avec ses entreprises.
    Un certain temps semble encore nécessaire…

    Commentaire by bilbothobbit — 10 septembre 2007 #

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