Les régimes très spéciaux de retraite….américains

septembre 12, 2007 on 9:25 | In Economie, France | Commentaires fermés

Aux Etats-Unis il y a 2 types de systèmes de retraite. L’un public (fédéral en l’occurence), ouvert à tous les employés, mais très modeste et ne permettant pas de vivre pendant sa retraite. Les autres, privés, sont propres à chaque société, et constituent l’essentiel des ressources des retraités.
A la suite des attentats du 11 septembre 2001, le trafic aérien américain a chuté, entraînant la mise en faillite de la majorité des compagnies aériennes américaines, dont United Airlines, US Air, Northwest Airlines, Delta Airlines.Mais United Airlines (c’était, encore récemment, la plus grosse compagnie aérienne mondiale) a demandé au juge des faillites d’annuler purement et simplement son plan de retraite, indiquant que ses obligations de retraite étaient une dette, que les dettes étaient annulées par la procédure de faillite, et que cette annulation, certes extrême, était nécessaire pour que la compagnie puisse retrouver une situation de compétitivité. Le juge a accepté cette demande et annulé le plan et la dette, et transféré l’administration de ce qui reste à un organisme public.
Les employés et retraités de United (122.000 personnes) se sont donc retrouvés lésés, car il y avait un « trou » de  3,2 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros) entre ce que le plan avait prévu de payer, et ce que l’organisme fédéral américain paiera à sa place. Typiquement, un commandant de bord va toucher moins de la moitié de ce à quoi il avait droit. Et chaque employé a une moyenne de 267.000 dollars (200.000 euros) de retraite due mais qui ne sera jamais versée.

Voilà qui rappelle curieusement une certaine réforme des régimes spéciaux de retraite, à savoir que les employés de certains établissements publics devront travailler plus longtemps que prévu. Mais il y a 3 différences sur lesquel JusMurmurandi voudrait s’attarder:

- les retraités des régimes spéciaux ont cotisé dans un système par répartition. L’argent versé a été instantanément distribué (réparti) par le système, et non épargné. Leurs retraites ne sont donc assurées que par la « bonne volonté » des cotisants actuels de continuer à cotiser

- presque tous les régimes spéciaux sont en lourd déficit, et seraient en faillite si le régime général ne leur venait pas en aide. En d’autres termes, l’employé « ordinaire » assure non seulement sa propre quote-part, mais aussi celle de ceux qui auront moins travaillé

- l’alignement sur le régime général ne réduira pas leur retraite comme cela s’est passé chez United. Il s’agira « simplement » de travailer plus longtemps pour y avoir droit

JusMurmurandi se demande ce qui se passerait s’il n’y avait pas de réforme des régimes spéciaux, au moment où ceux-ci seraient en faillite. Une situation « à la United Airlines »?
Enfin, pour ceux qui pensent que les régimes spéciaux sont une contrepartie à la pénibilité particulière d’un travail, une étude récente a montré que ceux qui partent plus tôt ont aussi une espérance de vie plus longue. Ils ne se sont donc pas « tués au travail », mais touchent au contraire une retraite doublement allongée: par le peu d’années de cotisation et par une vie plus longue.

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