Le retour de la stupiditude

janvier 10, 2011 on 10:58 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermés

Elle recommence! Décidément, Ségolène Royal a un style bien à elle. Elle prend une vraie inquiétude des Français, et elle y répond par la formule la plus simpliste possible, de façon à ce que le maximum de monde comprenne qu’avec elle ce serait différent, en mieux, bien sûr.

Hier, elle a affirmé qu’elle s’opposerait, si elle revenait aux affaires, aux « licenciements boursiers ». Quoiqu’elle se soit bien gardée de rentrer dans les détails, cela veut dire, en gros, qu’une entreprise cotée qui ferait des bénéfices serait interdite de licencier et/ou de délocaliser, car voir son cours de bourse et ses bénéfices augmenter n’est pas une justification pour « chosifier les employés ».

JusMurmurandi se demande vraiment comment Mme Royal peut imaginer une seule seconde que la France tirerait avantage d’une telle mesure.

Pour commencer, elle est totalement inapplicable, car le droit du travail français ne fait et ne saurait faire aucune différence entre une société cotée et une autre qui ne le serait pas, car ce serait de la discrimination pure et simple, interdit par la Constitution, les traités européens, l’OMC et j’en passe.

Ensuite, en supposant que cette idée fasse malgré tout son chemin, la question de fond: les entreprises licencient-elles par plaisir, et peut-on légiférer l’emploi privé avec la même légèreté avec laquelle l’État a créé tant et tant d’emplois publics aux frais du contribuable?

Il y a des domaines où c’est possible, à savoir ceux où il n’y a aucune concurrence, encore que, avec l’intégration européenne, même les anciens monopoles des postes, des télécommunications et du chemin de fer se retrouvent avec des concurrents.

Mais, dès lors qu’il y a concurrence, si une entreprise française ne prend pas une mesure pour diminuer ses coûts, et qu’une autre le fait, que croyez-vous qu’il arrivera? Ce sera l’entreprise aux coûts bas qui gagnera.

Il est bien évidemment possible de le déplorer, mais c’est pourtant ce que nous souhaitons tous en tant que consommateurs, nous qui ne cessons de consommer toujours plus de « low cost », que ce soit de la grande surface ou du hard discount, du textile chinois, du billet d’avion pour trois fois rien ou des voitures roumaines Dacia.

En outre, on sait ce qui arrive quand il n’est pas possible de licencier: personne n’embauche. Alors il suffit de ne pas remplacer les départs à la retraite, ce qui ne s’appelle pas licencier, et l’entreprise obtient le résultat souhaité, avec la baisse des ses effectifs.

Mais le plus consternant est de constater que cette énarque (!) continue de rechercher dans les seules interdiction et intervention de l’État, comme à l’époque où il fallait une autorisation administrative de licenciement, les clefs d’un mieux-être économique.

Cela évite de voir que notre voisin allemand peut, avec un niveau de vie au moins égal au nôtre et un modèle social au moins aussi protecteur des gens, affiche des performances en matière d’emploi infiniment meilleures que les nôtres. Mais cette comparaison peut sembler cruelle aux socialistes français, tant leur « performance » pâlit par comparaison avec celle des sociaux-démocrates allemands.

Alors il vaut sans doute mieux pour Mme Royal continuer dans la social-démagogie que dans la social-démocratie. C’est tellement plus facile…
Ségolène Royal

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