Les moutons de Panurge
janvier 15, 2011 on 11:57 | In C'est ça, Paris?, Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | 2 CommentsLes mauvaises langues racontaient que les mêmes qui acclamaient Pétain descendaient dans la rue quelques temps plus tard pour ovationner de Gaulle.
C’est un peu ce sentiment qu’a JusMurmurandi en écoutant le galimatias des uns et des autres sur la situation tunisienne.
Commençons par poser des jalons clairs, JusMurmurandi ne défend aucune dictature, et préfère bien entendu la démocratie.
Cela étant, il est bon, savoureux de citer quelques paroles entendues au cours des derniers jours pour les mettre dans un contexte plus exact, à défaut de politiquement correct.
Exemples.
Lorsque les troubles commencent, nombreux journalistes, exactement comme lorsque les Américains ont tout juste commencé à pilonner Bagdad en 2002, annoncent que tout est déjà fini, que le régime va s’effondrer, et que la démocratie va arriver.
Nous sommes en 2011, neuf ans plus tard, des centaines de milliers de morts plus tard, et rien n’est réglé en Irak. Alors pourquoi est ce que cela prendrait peu de temps dans un pays comme la Tunisie où Ben Ali, comme son prédécesseur Bourguiba, ont tenu le pays d’une main que l’on peut sans ambage qualifier de ferme ??? Ces paroles sont celles de serins qui méprisent leur audience.
Suite.
Ben Ali s’en va. Le concert commence, la meute est lâchée.
Qui pour critiquer le Président parti, le qualifiant de despote corrompu, et autres qualificatifs du même acabit.
Cela concerne une partie de la classe politique française, comme Bertrand Delanoë, né sur place, qui ne s’est pas privé de se rendre fréquemment dans sa terre natale où il possède une maison. Lorsque l’on est en désaccord profond avec un régime, est ce cohérent d’y investir ses deniers, de s’y rendre fréquemment ???
Franche rigolade. Le sommet étant atteint lorsqu’il demande « la transparence, la liberté et le pluralisme ». Qu’il commence donc dans notre bonne ville de Paris, le brave homme.
Deuxio, les Tunisiens en France. Qu’il est bon de les voir soutenir leurs frères, tandis qu’ils vivent dans notre hexagone douillet, par rapport à leur pays natal. Où est donc votre fierté, braves gens ??
Car les entendre parler de bain de sang, lorsqu’il y aurait 66 morts…Même si c’est trop, on oublie un peu vite Prague et Budapest par exemple, où le sang a coulé autrement plus; cela n’a d’ailleurs pas empêché les communistes des se cramponner au pouvoir pendant de longues décennies tandis que les chars venaient mater les résistants.
Un peu comme l’on rend hommage à chaque soldat français (issu d’une armée de professionels exclusivement, rappelons le) qui décède en Afghanistan, 51 depuis neuf ans que notre armée y est. Avec les morts de 14-18 ou de 39-45, la télé aurait rendu des hommages en boucle, la classe politique n’aurait fait que cela….
Tertio, on a entendu les anti sarkozystes primaires qui critiquent tout ce qu’il fait ou ne fait pas.
Si la France avait pris position avant le départ du chef de l’Etat tunisien, nous aurions commis un pêché d’ingérence post/néo colonialiste. Nous n’avons pas pris fait et cause pour le « peuple tunisien » tout de suite, nous sommes par conséquent des lâches. Bis répétita, ce sont des paroles de serins qui méprisent leur audience.
Parce que ce qui est également important, personne n’en parle.
La Tunisie, qui n’a pas le pétrole ou le gaz de l’Algérie, les phosphates du Maroc, a connu un développement économique très substantiel pendant la présidence de Ben Ali.
Un développement touristique d’abord, que l’Algérie voisine n’a jamais su réaliser, mais aussi créer un terreau industriel y compris avec des entreprises associées à la haute technologie comme l’aéronautique. Tout cela a permis de créer une classe moyenne, absente tant au Maroc qu’en Algérie.
Par contre, elle n’a pas connu les vagues de terrorisme comme l’Algérie ; le magnifique film sur les moines de Tibéhirine nous l’a encore rappelé.
Rien n’est rose, rien n’est parfait, mais jeter le bébé avec l’eau du bain serait bien exagéré.
Qui plus est, attendons calmement de voir où cela va déboucher.
Le miracle tunisien est il en route ? JusMurmurandi le souhaite, l’espère.
Rappelons simplement que dans un autre pays musulman, l’Iran, plus personne ne voulait du Shah.
Quand il est parti, tout le monde s’est réjoui.
On a juste oublié de dire au peuple iranien qu’il voudrait encore moins, beaucoup beaucoup moins, des mollahs, représentés alors par Khomeini.
2 commentaires
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Cher Jus, ressaisissez-vous, que diable :Bertrand n’est ni » brave », ni » homme » !
Quand à votre avis sur les Tunisiens vivant en France et se répandant sur les chaines d ‘info, je suis complètement d’ accord : je suis resté scotché devant l’ écran par leur arrogance – et quelque part leur lâcheté …
Je suis allé une fois à Tunis : une ville ( et ses environs) négligée, pour ne pas dire sale, partout des chantiers plus ou moins abandonnés, en foutoir, une impression de négligence générale …
Par contre des zones plutot pimpantes, petites entreprises, cliniques, etc …
Donc une impression mitigée ..
Ha si : les terrasses des » cafés « , pleines d ‘ hommes du matin au soir au matin et bien entendu des » barbus » planqués à tous les coins de rue … vont pas tarder à montrer le bout de leurs poils, ceux-la
J’espere que ces gens vont savoir et pouvoir se prendre en main, en adultes …
Commentaire by jerome — 16 janvier 2011 #
Bonsoir Jérôme, et bonne année !
Merci de votre commentaire.
Je connais bien la Tunisie pour y être allé de nombreuses fois.
Je comprends votre impression mitigée, mais il ne faut pas uniquement raisonner en terme d’absolu.
Pour avoir bien visité l’Algérie, la différence avec la Tunisie, qui ne dispose pas de sous sol riche comme le dit notre article, est frappante.
Deuxio, le côté laïc de la Tunisie m’a également frappé. Rares étaient les femmes voilées.
Il faut donc espérer, comme vous, que les Tunisiens vont se prendre en main, et ni retomber dans une dictature même si elle a assuré un fort développement économique (après tout, la première des missions de nos gouvernants n’est elle pas d’assurer que nous ayons tous à manger ??) ni tomber dans le versant islamiste.
Comme nous le disons, ne crions pas trop vite victoire, nous avons eu une expérience avec l’Iran qui devrait nous rappeler la nécessité de rester modestes…
A bientôt.
Commentaire by JM — 16 janvier 2011 #