Vous avez aimé 2002, vous adorerez 2012!

janvier 20, 2011 on 4:18 | In Best of, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

JusMurmurandi se souvient du premier tour des élections présidentielles de 2002, le choc absolu de la présence à la deuxième place de Jean-Marie Le Pen, en lieu et place de Lionel Jospin.

On connaît la suite: la stupéfaction en France et dans le monde, la forte réaction de tous les anti-FN, et le score « soviétique » de Chirac au deuxième tour.

Eh bien, si cela vous a plu, attendez-vous à vous délecter en 2012. Car quelle était la recette qui a conduit la gauche au désastre?

L’émiettement entre trop de candidats, dont Jospin lui-même, Chevènement, Taubira, les Verts, les communistes, Arlette et Besancenot. Résultat, Jospin descend en dessous de 17% et se fait battre d’un peu moins d’un pour cent par Le Pen, pourtant handicapé par la concurrence de Mégret.

Or, pour autant qu’on puisse prévoir ce qui va se passer dans 16 mois, la gauche va là encore avoir une extrême gauche forte, avec Mélenchon, les communistes et Besancenot qui n’appelleront pas à voter PS au premier tour. Et Bayrou est un redoutable concurrent pour les voix du centre gauche.

Lequel Bayrou a fait, en 2007, 17% des voix, soit assez pour battre, en 2002, Jospin et aller au second tour.

La différence est que la gauche avait tellement été traumatisée par son fiasco qu’elle n’a pas commis la même folle erreur 5 ans plus tard, et tant mieux pour elle, ce qui lui a permis d’envoyer Ségolène se faire étriller par Sarkozy au tour suivant, mais elle était tellement contente d’être arrivée en finale qu’elle considérait cela comme une grande victoire et n’a pas pu prononcer, à la stupéfaction des Français, le mot de défaite, pendant des semaines.

Ce qui montre bien à quel point son objectif, et celui de toute la gauche, était de ne pas répéter une Bérézina qui les eût envoyé au Goulp des Shadoks.

Pour autant, on voit bien que leur configuration, avec Besancenot, Eva Joly, Bayrou et Mélenchon disputant les voix de gauche au candidat PS, et une sérieuse impossibilité de rassembler des électeurs aussi dissemblables que le centre-gauche, les écolos et les extrême-gauche, ressemble beaucoup plus à 2002 qu’à 2007.

Sauf qu’à droite, cela ressemble au même problème. Marine Le Pen, à aujourd’hui, ressemble à son père en 2002 et non en 2007.

Sarkozy devra affronter un centre-droitiste, probablement Borloo, plus Bayrou qui lui prendra aussi des voix du centre, et au sein de son propre électorat, Dominique de Villepin.

Si on imagine que ce dernier lui prendra 4-5% des voix, ce qui est peu, et que Borloo fera un bon score, car il est malin et Sarko impopulaire, et que Marine arrive à rester à ses niveaux actuels élevés, cela fait tomber Sarkozy en dessous de 20% au premier tour ce qui est le seuil de grave danger d’élimination directe, sans parler de mise en danger du résultat au second tour.

Sur le fond, ceci n’est pas surprenant. Le Président n’est pas populaire, tant par son style que par les effets d’une crise qui a contredit les promesses et les espoirs du candidat de 2007, mais aussi pour avoir, au contraire de ses prédécesseurs, mené une politique qu’il croit nécessaire, même s’il la sait impopulaire.

En face, l’opposition PS est nulle sur le plan des propositions, désunie sur tout sauf la volonté de revenir au pouvoir et de défaire tout ce qui aura été fait avant, et empêtrée dans d’éternelles querelles de personne pour savoir qui sera le chef. Il est donc normal que les Français cherchent à « aller voir ailleurs ».

Alors, en 2012, JusMurmurandi prédit que l’un au moins des candidats du second tour aura moins de 20% des voix. Mais lequel?

Au moins une certitude, en forme de soulagement. Ce ne sera pas Jean-Marie Le Pen.

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