Les fauchés!

janvier 25, 2011 on 7:07 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, Poil à gratter | 2 Comments

Ça y est, c’est fait! La France est officiellement fauchée, et nous avec! Jusqu’ici, les politiques budgétaires cachaient leur orientation derrière un charabia compréhensible seulement des initiés. Mais maintenant, le Roi est nu, et tout le monde le voit et le sait, et c’est bigrement nouveau.

Que le Roi-État soit nu, c’est un fait depuis longtemps, mais il masquait cette pauvreté pour que le public ne le voie pas et que le spectacle continue. Ceci dit, quand on sait que plus de 40% des hélicoptères militaires (on n’ose dire « de combat ») français ne sont pas en état de voler faute de pièces détachées, ou que les armées ont des jours de munitions devant eux et non des semaines, des signes de pauvreté étaient visibles pour peu qu’on veuille voir et qu’on sache où regarder.

Mais maintenant on voit: il y aura à la rentrée prochaine moins de professeurs, alors qu’il y aura plus d’élèves. Oh, certes, il y a toute une argumentation pour expliquer que ce n’est pas si grave que cela, à savoir qu’il y en aura quand même plus qu’en 1990 alors qu’il y aura moins d’élèves, ou encore que la moitié des économies réalisées est reversée aux professeurs, qui bénéficieront d’une augmentation de traitement de 10%. Mais la cause, la seule, de cette réduction d’effectifs, n’est pas une quelconque réforme, ou un « mieux-disant » éducatif. Non, c’est qu’il faut réaliser des économies, parce que nous sommes fauchés.

Ce qui ouvre un champ tout à fait nouveau à la vie sociale française. Désormais chacun sait que l’État peut un jour ne plus avoir les moyens d’assurer telle ou telle prestation, parce qu’il n’y aura plus d’argent. C’est vrai pour la santé, qui risque de ne plus pouvoir traiter aussi bien ou aussi vite les malades. C’est vrai pour les retraites, malgré la réformette de 2010. C’est vrai pour les fonctionnaires et leur traitement. C’est vrai pour les achats de l’État et ses fournisseurs.

La politique vient donc de perdre, pour en avoir scandaleusement abusé, le droit de faire ce qu’elle veut sans compter. Comme le dit l’adage: « quand on n’a plus les moyens de sa politique, il faut avoir la politique de ses moyens… »

Et la campagne de 2012 se dessine ainsi plus d’un an à l’avance sous un jour particulièrement cru, mais aussi peut-être libérateur.

D’un côté (et ce n’est pas un clivage droite-gauche puisqu’on trouve sur le même bord Marine et Martine), il y aura les marchands de rêve qui assureront les électeurs que tout est possible, à commencer par revenir sur les mesures d’austérité sarkozyennes, et que les fleuves couleront de lait et de miel comme au temps du paradis avant qu’il soit perdu, pour peu qu’on fasse payer « les autres » (on est toujours les autres de quelqu’un, ou, plus exactement, on a toujours ses « autres » à disposition).

De l’autre, il y aura les réalistes, qui promettront du sang, de la sueur et des larmes, car, après l’orgie, il y a la gueule de bois.

Il reste à savoir quel degré d’intelligence et de lucidité les Français montreront. Les prendre pour des cons sera-t-il un pari gagnant?

Fauchés, c’est sûr, mais cons en plus, ce serait grave…

2 commentaires

  1. Hahem… ils se sont montrés plutôt  » veaux  » si
    je ne m’abuse, depuis 40 ans ! Non ?
    C’est le Grand qui l’avait dit, en plus ! :)

    Commentaire by jerome — 26 janvier 2011 #

  2. A qui votre qualificatif gaullien de « veau » s’adresse-t-il, cher Jérôme? Aux Français trop amorphes à qui on fait gober n’importe quelle promesse? Ou aux Français trop amorphes à qui on fait gober n’importe quelle réforme impopulaire?

    Commentaire by JM2 — 2 février 2011 #

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