Fauchés, niche fiscale, avantage acquis, ou exception culturelle française?

janvier 28, 2011 on 5:56 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Les chiffres sont tombés. Ils sont bien tombés. Ils sont même tombés d’assez haut pour faire beaucoup de bruit, voire même pour creuser un trou. Le lecteur me pardonnera ce pastiche du « Du côté d’ailleurs » du génial Pierre Dac.

Car le trou est profond: plus d’un milliard d’euros de déficit annuel pour le régime d’assurance chômage des seuls intermittents du spectacle. C’est déjà plus que beaucoup. Mais quand on approfondit l’étude du trou, il y a de quoi être effondré. Les cotisations sont de 233 millions et les indemnités de 1300 millions, soit grosso modo 6 fois plus. Ce n’est plus de l’indemnité, c’est carrément de la subvention.

Et une subvention massive, puisque ce milliard de déficit a bénéficié à 105.000 personnes, ce qui donne 10.000 euros de subvention annuelle à chaque intermittent du spectacle.

Ceci montre que les réformes de 2003 et 2006 n’ont servi à rien, et que les intermittents et leurs employeurs sont bien plus malins que ceux qui s’efforcent de réduire ce trou sans fond.

Alors, bien sûr, toute tentative de réformer et de réduire cet avantage extravagant va se traduire par des protestations de toute une profession qui dira qu’on l’égorge, que la culture est morte en France, que Sarkozy de toute façon est beaucoup plus show-biz et bling-bling que culture, que Mitterrand est un social-traître, et j’en passe.

La réalité est beaucoup plus simple. Il ne s’agit ici ni de culture, ni de modèle de société, mais simplement de fric. Il y a une bizarrerie dans la loi qui fait que ce sont les salariés et les entreprises qui subventionnent le train de vie des intermittents du spectacle, au lieu que ce soient leurs rémunérations qui y subviennent.

Il suffirait pour mettre de l’ordre là-dedans d’exiger des bénéficiaires qu’ils se rendent utiles pendant les nombreux mois où ils sont payés à ne rien faire. On pourrait aussi exiger des entreprises du spectacle qu’elles payent des cotisations suffisantes pour couvrir -soyons modestes- 50% des indemnités. On verrait le nombre d’intermittents fondre, et ceux qui resteraient seraient employés de façon plus continue.

Mais ce serait attenter au modèle français qui consiste à récupérer sur le dos de la collectivité un maximum d’avantages, même si c’est un abus manifeste. Et tenter de changer cela, ce serait une révolution. Beaucoup plus dangereuse que d’allonger les retraites ou augmenter les cotisations. Tout le reste n’est que du théâtre, ou du cinéma, comme on voudra. Et, évidemment, pour faire du théâtre, mieux vous être bien avec les artistes, même s’ils sont avant tout virtuoses dans l’art de de faire payer les autres…

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