Après moi le déluge !

janvier 31, 2011 on 3:34 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | 2 Comments

JusMurmurandi n’est pas royaliste, pourtant cette célèbre phrase attribuée à Louis le quinzième du nom est parfaitement applicable à la République.

En ce moment applicable à la République d’Égypte, où l’on assiste à une espèce de « Chienlit » comme aurait dit le Général de Gaulle.

Grand pays, civilisation même, l’Égypte est bien différente de la Tunisie, au grand dam de certains benêts qui pourraient imaginer que le départ d’un Ben Ali pourrait se comparer au renversement d’un Moubarak.

La Tunisie et ses dix millions d’habitants en compte moins que le Caire, qui est une des villes les plus peuplées du monde, capitale d’un pays qui compte plus de plus de quatre vingts millions d’habitants.

Son emplacement est stratégique, et c’est un pays traditionnellement allié des occidentaux après avoir été longtemps proche des Soviétiques. Ces derniers avaient « offert » un beau cadeau au régime de Nasser, le barrage d’Assouan, comme gage « d’amitié ».

Nasser disparu, arrive Sadate qui fit un retournement qui aboutit presque à la paix avec Israël, ennemi historique, si cela n’avait été pour la gourmandise de Menahem Begin, premier ministre d’alors.

Sadate, entre autres faits d’arme, accueillera le Shah d’Iran en 1979, autre « ami » dont la « date limite de consommation » était arrivée pour tous ceux qui lui trouvaient un intérêt jusqu’alors.

En 1981, Sadate est assassiné et arrive Moubarak, issu comme son prédécesseur des rangs de l’armée.

On peut dire qu’à plus de quatre vingts ans, il porte beau. Accueilli dans toutes les capitales occidentales, celles là mêmes qui l’invitent à baisser sa garde ou à partir, il était considéré lui aussi comme un « ami ».

Le retournement nous donne l’impression de vivre du Wikileaks en temps réel….

Au milieu de ce terrain miné, on assiste à un concert d’imbécilités impressionnant.

Citons quelques exemples qui nous font sourire.

En dehors de la veulerie des dirigeants occidentaux, le cul entre deux chaises pour en dire juste assez mais pas trop après s’être fait prendre au dépourvu à Tunis, quelques voix s’élèvent pour ne rien dire.

Mohamed El Baradei, mis à la retraite de l’ONU pour ses faits d’arme avec l’Irak où il baissa culotte devant un George Bush qui n’avait aucun mandat pour envahir, ou encore devant l’Iran qu’il a laissé s’équiper en force nucléaire sans piper mot, s’autodéclare disponible pour une éventuelle succession.

JusMurmurandi est prêt à prendre vis à vis de l’Égyptien une position similaire à celle de Mélenchon pour sa critique de Strauss Kahn si ce dernier était tenté de porter la bonne parole en France après avoir dirigé le FMI…C’est montrer si El Baradei nous agace.

Deuxième exemple, Besancenot, qui part vendredi dernier à Tunis pour « étudier la révolution ». Si on veut l’étudier, c’est au Caire que ça se passe. Tunis, c’est fini pour ce que cela aura été.

Comme pour El Baradei, le courage, cela ne s’acquiert pas. Il y a des greffes qui ne prennent pas, tout simplement…

Pour en revenir à l’Egypte, on repense à son baccalauréat. Au vu des manifestations des cairotes et autres habitants de Suez qui demandent le départ de Moubarak, ils n’ont pas compris que son départ ne règlera rien, de même que si l’on ne prévoit pas ce que l’on fera dès son diplôme du secondaire en poche, on n’a presque rien accompli si l’on ne prévoit pas l’étape suivante. C’est après que cela se passe.

C’est pour cette raison que l’on ne peut se permettre de laisser un pays de 80 millions d’habitants sombrer dans le chaos.

Les militaires égyptiens l’ont bien compris et par conséquent pris place aux points stratégiques.

Il ne peut être question de laisser tomber un si grand pays entre les mains des fous religieux….ce serait tout simplement trop dangereux, et l’on imagine, par exemple, le lobby américain pro Israël qui doit se battre bec et ongles pour l’éviter.

Il est toutefois un rêve que caresse JusMurmurandi, tandis que certains peuples du Moyen-Orient descendent dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol.

Et si un autre grand peuple descendait lui aussi dans la rue pour réclamer plus de transparence, moins de corruption, plus de libertés….

JusMurmurandi rêve de voir le peuple iranien descendre dans la rue, et faire enfin sa (vraie) révolution….

Moubarak chez Berlusconi

Moubarak chez Bush

Moubarak chez Obama

Moubarak chez nous

Du Wikileaks en direct !!

2 commentaires

  1. Leçon de loyauté en politique internationale
    vue par un Persan exilé

    Pour comprendre la si noble attitude du président égyptien Sadate à l’égard de son hôte le Shah, il faut se remémorer ce qui a uni ces deux hommes d’Etat aux destins tous deux tragiques.

    En effet, il est à noter que ce fut le Shah d’Iran, qui, naguère pilier du Monde Libre dans la région, fit définitivement basculer l’Egypte, à force de persuasion et de rapprochements, du camp soviétique où il était bien ancré vers le camp occidental, gageure réussie non sous l’intransigeant Nasser, mais sous Sadate (qui, sur les conseils du Shah, renvoya, du jour au lendemain, les milliers de conseillers militaires soviétiques en poste au Caire). Ce fut l’une des plus grandes réussites du Shah dans le domaine géopolitique, ce dont l’Occident tout entier a pu se féliciter pendant presque un demi-siècle…

    A rappeler aussi que ce fut encore sous l’autorité du Shah, arbitre respecté considéré par les partis comme impartial, souverain éclairé d’un grand pays non arabe, et de ce fait non partie prenante au conflit israélo-arabe, que furent organisées, dans les palais perses, les négociations diplomatiques secrètes qui menèrent directement à la réconciliation spectaculaire, grâce à l’entremise de l’Iran monarchique, entre Israël et son ennemi juré de toujours, l’Egypte, champion historique du panarabisme. La gloire de cette audacieuse réconciliation ira à d’autres (prix Nobel, etc.) sans que le rôle fondamental du Shah, sans qui rien n’aurait été possible, et après qui si peu fut possible, ne lui valut une quelconque reconnaissance publique, bien au contraire, cela n’empêcha pas les Occidentaux de traîner leur allié dans la boue et lui infliger l’opprobre de la calomnie pour complaire aux terroristes islamo-révolutionnaires et autres barbares qui conspirèrent pour le renverser.

    Que ce rôle de pacificateur du Shah peut aujourd’hui paraître bien éloigné de celui, déstabilisateur et subversif, des mollahs d’Iran depuis trois décennies dans la région et dans le monde!

    Tout cela, en plus de bien d’autres liens plus personnels, explique la loyauté indéfectible du président égyptien Sadate envers le Shah d’Iran, à qui il [=Sadate] devait d’avoir changé le destin géopolitique de sa patrie et soutint dans l’infortune et l’adversité.
    Ne dit-on point que c’est dans l’épreuve que l’on reconnaît ses VRAIS amis?
    A cet égard, il apparaît rétrospectivement que la « francopholie » de l’élite iranienne de l’ancien régime monarchique iranien, si profondément attachée à la France, à sa civilisation et à sa langue (et j’en suis), et la francophilie sans borne du Shah, admiré par le général de Gaulle, n’aient pas, ou si peu, été payées de retour (la bienveillance active du félon Giscard à l’égard de l’imprécateur enturbanné de Neauphle-le-Château en dit assez long)… Peut-on alors parler d’amitié sincère, lorsque celle-ci est quasi unilatérale ou si peu réciproque, et de surcroît entachée par la plus haute des trahisons?

    Chahpour, exilé royaliste perse, 78 ans, Paris, FRANCE

    Commentaire by Chahpour — 1 février 2011 #

  2. bonsoir et merci pour ce commentaire magnifique et émouvant.
    JusMurmurandi aussi regrette le régime du Shah, même si tout n’était pas parfait….
    Merci à nouveau de votre contribution, qui doit être la plus importante depuis que notre site existe.

    Commentaire by JM1 — 2 février 2011 #

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