Je veux travailler au Port de Marseille!

février 3, 2011 on 6:06 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Savez-vous ce que c’est qu’un oxymore? C’est une phrase qui est, par elle-même, contradictoire. Et, suivant l’imparable et implacable démonstration de la Cour des Comptes, travailler au Port de Marseille, c’est justement un oxymore. Une contradiction. Parce que, sur le port de Marseille, on ne travaille pas. Ou si peu…

Dans le domaine des avantages sociaux extravagants, JusMurmurandi pensait avoir tout vu, tout lu, tout entendu. Mais non, il y a toujours plus, toujours pire.

Imaginez: à Fos sur Mer, un docker travaille 14 heures par semaine, et à Marseille, 12 heures! Si on travaille le lundi, cela veut dire qu’on a fini sa semaine le mardi midi… Et, alors que vous, cher lecteur, pensez qu’un emploi à 12 ou 14 heures par semaine, c’est un temps partiel de caissière dans une grande surface, pas du tout. C’est un temps plein. Enfin si l’on peut dire. Ce qui est plein, en revanche, c’est le portefeuille, par ce que nos travailleurs gagnent, pour ce faire, entre 3500€ et 4500€ nets par mois. Ceci ne provient pas uniquement de leur salaire, mais aussi d’un maquis de 132 primes diverses. Et, encore plus fort, alors que ce sont des employés salariés du Port de Marseille, ils se font verser, en tout illégalité, des « compléments » par les entreprises de manutention. Encore un exemple de gabegie: entre 2006 et 2008 les heures travaillées baissent de 4%…. tandis que les heures supplémentaires augmentent de 21%…

Cette situation est due à la combinaison de plusieurs facteurs: au potentiel de blocage de ces dockers sur toute une région, au monopole d’un syndicat, la CGT, dont l’action est la même qu’au Syndicat du Livre: aucune considération autre que le toujours plus jusqu’à l’absurde, à la lâcheté du Port de Marseille, qui cède, et donne, donne, donne tout ce que réclament les dockers. Suivi en cela par les entreprises de manutention, qui acceptent le racket qui leur est infligé, et par les pouvoirs publics qui, notamment, ne poursuivent jamais les violences physiques qui punissent toutes les tentatives de revenir à l’ordre républicain.

Vous me direz: on ne peut qu’admirer les héros d’un tel combat social! Quelle force doit être la leur pour imposer -et gagner- de tels bras de fer! Eh bien non, ce sont au contraire des petites natures: 28,5 jours d’absence par an et par employé!

Les conséquences économiques sont évidentes: un coût de manutention tellement élevé que Marseille est de plus en plus déserté par tout le transit du fret par tous les opérateurs qui ont le choix d’un autre port.

Les informations ci-dessus n’ont pas reçu de réponse de la part des dockers ou de leur syndicat. C’est qu’ils sont en grève, pour obtenir que la pénibilité de leur travail leur vaille, ce qui serait un cas unique en France, un départ en retraite à taux plein à 58 ans! Ce qui fait que Marseille est non seulement un port très coûteux, mais aussi très peu fiable, ce qui détourne encore plus, s’il était besoin, les utilisateurs que sont les armateurs.

Et, comme toujours, dans un cas où on a le choix entre la honte de la capitulation et la douleur de l’affrontement, quand on cède et qu’on capitule, ce que n’ont cessé de faire au fil des ans, et le management et les Pouvoirs Publics, on finit par avoir et la honte, et, quand même, l’affrontement.

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