Arabes, musulmans et dictateurs
février 21, 2011 on 10:36 | In C'est ça, Paris?, Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermésIl se trouve que, jusqu’il y a peu, les États arabes ne comptaient à leurs têtes que des dictateurs et autres monarques. Pas d’élections, ou alors que des élections truquées. Il semblait bien qu’il y ait une malédiction des peuples arabes à être dirigés par des autocrates dont les préoccupations majeures étaient leur enrichissement et la consolidation de leur autorité dynastique. Et Israël avait beau jeu de clamer être la seule démocratie de la région.
La révolution tunisienne est passée par là, et l’égyptienne aussi. Cela étant, se réjouir serait prématuré: le pouvoir en Égypte est aux mains de l’armée, et en Tunisie il n’est nulle part encore. Mais cette double onde de choc a ébranlé les autres régimes autoritaires: La Lybie, le Yemen, l’Iran et Bahrein résonnent des coups de feu de la répression contre les manifestants, et les régimes qui dirigent la Syrie, le Maroc et l’Algérie entre autres font d’urgence des concessions pour éviter d’être emportés comme leurs voisins.
Alors, au risque d’être, une fois de plus, terriblement politiquement incorrect, JusMurmurandi pose la question: y a-t-il une possibilité de démocratie pour des peuples arabes et musulmans?
En fait, il n’y a rien de spécifiquement musulman ou arabe au mauvais sort des peuples de la région. Ainsi la Turquie a-t-elle élu un gouvernement ouvertement musulman, mais celui-ci a su s’adapter aux structures d’un État laïc, et la démocratie turque n’en est que plus forte. Ceci au contraire de l’exemple iranien, pour qui un pouvoir musulman a pour devoir sacré de tout islamiser. On en connaît les conséquences, et le régime des mollahs iraniens censure et réprime pour tenter de se maintenir après avoir volé le résultat des élections.
Mais il est à noter que tant turcs qu’iraniens, s’ils sont musulmans, ne sont pas arabes. Il sera donc essentiel de voir si des pays arabes, et je pense d’abord à l’Égypte, peuvent trouver le chemin, sinon de la démocratie à la grecque, d’un pouvoir ayant une vraie légitimité populaire. La question que cela pose est celle de la capacité des électeurs à dépasser les clivages traditionnels (famille, clan, religion, communauté) pour appartenir avant tout à une communauté nationale. Sinon, ce sera le plus grand groupe qui dirigera les autres, et l’oppression des uns par les autres ne manquera pas de se manifester.
Ce qu’il y a de fascinant avec cette question est que l’évolution que nous souhaitons pour ces pays est exactement au rebours de ce que les belles âmes de gauche ont encouragé pendant des années en Europe et aux États-Unis. A force d’accepter l’inacceptable, nos pays sont devenus des mosaïques de communautés, et l’intérêt général ou national ne sont plus que des notions qui n’intéressent que les historiens. Ainsi les États-Unis ont-ils abdiqué sur la langue, qui est pourtant le facteur majeur d’unification d’une nation, tandis que la Grande-Bretagne, pays pourtant théocratique, admet des décisions de tribunaux islamiques jugeant suivant la sharia…
D’où les déclarations identiques, à quelques mois d’intervalle d’Angela Merkel, de David Cameron et de Nicolas Sarkozy, indiquant l’échec manifeste du modèle multi-culturel.
En France, quand l’UMP parle d’identité nationale, la gauche l’accuse de copier le Front National. Pour autant, cela n’empêche pas Marine Le Pen de surfer sur de bons sondages, à presque 20% des voix, justifiant ainsi le pronostic de JusMurmurandi que tout peut arriver en 2012, y compris un double 21 avril.
Et quand on regarde ce que fait la gauche, pas ce qu’elle dit, mais ce qu’elle fait, à savoir une politique totalement orientée bobo à Paris, où elle vote l’extension du stade de Roland Garros au détriment d’un stade et d’un jardin botanique, communautariste à Lille où Martine Aubry tolère des heures d’ouverture de piscines municipales réservées aux femmes, exigence strictement musulmane, clanique à Marseille où le Président du Conseil Général semble bien avoir largement guidé les marchés publics vers la société de son frère, JusMurmurandi se dit que l’occupation de la place de la Bastille par des jeunes beurs n’est plus si impossible que cela….
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