Cartésiens…?

mars 11, 2011 on 11:20 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Depuis Descartes, philosophe français du XVIe siècle, être « cartésien » c’est être avant tout logique. A un cartésien, « on ne la fait pas ». Et les Français, forts de ce magnifique héritage, sont les champions autoproclamés de ce cartésianisme.

Exemple 1: Marine Le Pen est donnée en tête au premier tour des Présidentielles par les sondages, ce qui affole la droite, mais pas Sarkozy. Car lui sait, et a toujours dit, que ce serait le premier tour qui serait décisif, et non le deuxième. Surtout, si la candidate FN devait y être présente, son adversaire remporterait forcément l’élection. Sarko n’a donc qu’à battre le candidat PS au premier tour, ce à quoi la puissante machine UMP l’aidera autrement plus que la machine PS divisée entre courants multiples. En même temps, information qui n’a que très peu filtré dans une presse peut-être désireuse de ne pas se mettre le FN à dos, un huissier a saisi les meubles du parti des Le Pen pour cause de dette sociale non payée, et ce malgré la vente de leur siège et la réduction du nombre de leurs employés à une poignée. Gagner une élection avec un parti exsangue financièrement à ce point là, ça, ça n’est pas cartésien. Le reste non plus, d’ailleurs.

Exemple 2: La Chine, « usine du Monde », dévaste notre industrie et ravage les emplois français. Ceci est rendu possible non seulement par des coûts très bas d’une main d’œuvre sous-payée, mais aussi par la sous-évaluation chronique de sa monnaie, le yuan, qui en fait une machine de guerre pour aider les exportations chinoises. En février, le commerce extérieur chinois a connu un déficit. Ce qui montre que les importations à destination du marché intérieur ont plus que compensé les exportations. Pas mal, pour un pays qui ne sait qu’exporter à bon compte, non? Et qu’en pensent nos économistes et politiciens « cartésiens »?

Exemple 3: Il y a deux ans, Barack Obama était élu sur la promesse de sortir l’Amérique de la détresse financière et morale dans lesquels l’avaient plongé les deux mandats de George W Bush. Promesse symbolisée par celle de fermer cette zone de non-droit absolu de Guantanamo où les États-Unis avaient parqué les « combattants ennemis ». Deux ans après, les procès pourront y reprendre, comme avant, du temps de Bush. Obama ne sait-il pas que ne pas tenir ses promesses et espérer que les électeurs ne lui en tiendront pas rigueur, ce n’est pas cartésien?

Exemple 4: les amis de DSK souhaitent l’annulation de primaires au PS et le retrait de Royal, Aubry et Hollande, pour laisser la voie libre à leur candidat. Tant qu’à faire, JusMurmurandi se demande pourquoi ils ne demandent pas aussi le retrait de Sarkozy et Le Pen, comme ça DSK sera sûr de gagner l’élection, comme cela se faisait en Tunisie ou en Egypte. Sérieusement, espérer cela, est-ce cartésien?

Mais la palme du cartésianisme « à la française » devient indiscutablement aux programmes politiques que nous concoctent les partis pour la Présidentielle de 2012. Avec un florilège qui comprend, entre de très nombreux autres exemples, la peine de mort pour les trafiquants de drogue ou le retour au Franc (FN), ou le retour à la retraite à 60 ans, ou encore la suppression du service minimum dans les transports publics (PS)

René Descartes est célèbre pour sa formule « je pense, donc je suis ». Il semble que notre époque ait oublié que, pour être, et donc être élue(e), il fallait penser, oh, rien qu’un tout petit peu…

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