Ils sont fous!!!

avril 3, 2011 on 7:42 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

JusMurmurandi est plus proche du modèle américain que du modèle soviétique, cela devrait être clair pour tous ses lecteurs. Il n’empêche que cette affinité ne lui fait pas avaler n’importe quoi simplement parce que cela se passe aux États-Unis. Et là, on n’est même plus dans le n’importe quoi, on est très au-delà. Voici quelques exemples de dérive d’un modèle insuffisamment contrôlé…

- les dirigeants de la société américaine Transocean viennent de percevoir des bonus fortement augmentés compte tenu que leur entreprise a connu en 2010 une forte amélioration de ses résultats en matière de sécurité. En fait, 2010 aura été selon elle-même « sa meilleure année » en matière de sécurité. Voilà qui devrait être, a priori, une bonne nouvelle, aussi morale que réjouissante. Sauf que Transocean était l’exploitant de la plateforme pétrolière off-shore Deepwater Horizon, dont l’explosion à causé 11 morts, dont 9 de ses propres employés, et une pollution marine sans précédent dans le golfe du Mexique. Que Transocean ne soit pas le seul responsable (une Commission d’enquête présidentielle a aussi épinglé Halliburton et BP) ne les exonère évidemment pas. Dans ces conditions, que ses dirigeants puissent voir une quelconque « amélioration de la sécurité » quand leur société a participé à une aussi colossale catastrophe relève purement et simplement de la psychiatrie. A mois que, et c’est plus probable, ils se soient voté ces bonus pour passer à la caisse au plus vite, et avant que celle-ci soit vidée et la société ruinée par les procès qui lui sont et seront faits.

- Lloyd Blankfein vient de se voir accorder un bonus de 14 millions de dollars au titre de l’exercice 2010 de la banque d’affaires Goldman Sachs -la première au monde- dont il est le patron. Vous vous dites, voilà encore JusMurmurandi qui revient sur l’indécence des bonus bancaires en temps de crise. Même pas. Il suffit de se demander ce à quoi ont pu penser ceux qui lui ont attribué un montant 14 fois plus élevé que l’année précédente quand les résultats de l’entreprise ont chuté de 37%… Peut-être ont-ils pensé qu’il était de leur intérêt d’être « bien » avec un homme aussi puissant que Blankfein, qui n’a pas la réputation d’être tendre avec ses adversaires. Pour l’intérêt des actionnaires, déçus de la forte chute des résultats produits par M. Blankfein, prière de repasser plus tard. On se demande combien les administrateurs lui auraient donné si les résultats avaient progressé de 37%. Et on oublie de faire remarquer que les résultats des banques américaines sont temporairement dopés par la politique monétaire de la Fed, qui leur permet d’emprunter presque à taux zéro et de replacer cet emprunt an Bons du Trésor sans risque. On e voit pas là qu’il y ait besoin de grands génies pour gagner de l’argent en 2010. Après, cela pourrait être une autre histoire, mais, entre temps, comme les cadres de Transocean, M. Blankfein aura empoché son bonus.

Heureusement, ces excès se déroulent aux États-Unis, et la France ne saurait donner dans ce qui est aussi clairement déraisonnable…

Sauf quand on lit que des députés socialistes veulent attaquer Christine Lagarde devant la Cour de Justice de la République pour avoir oser choisir un tribunal arbitral dans l’affaire opposant Bernard Tapie au CDR, liquidateur des affaires pourries du Crédit Lyonnais. Cela pour au moins quatre raisons.
- d’abord, parce que c’est le droit de la ministre de choisir la voie qu’elle veut. On peut se tromper sans que ce soit un délit ou un crime… à supposer même qu’elle ait fait une erreur, ce qui est loin d’être prouvé.
- ensuite parce que s’en remettre à une décision arbitrale, c’est justement ne pas trancher soi-même, mais laisser à d’autres, compétents et payés pour cela de défendre vos intérêts. C’est la meilleure façon de ne pas pouvoir être accusé de complaisance. L’ignorer, c’est tout ignorer du processus arbitral. Supposer que des arbitres aient reçu la consigne d’être indulgents avec Tapie, c’est supposer que des arbitres mettent le bon plaisir du ministre au-dessus de sa propre réputation d’arbitre, ce qui met un terme à toute carrière arbitrale. C’est aussi stupide qu’insultant.
- plus encore, c’est oublier comment toute cette affaire est née. Tapie n’a pu acheter Adidas que parce qu’il a été financé les yeux fermés et sans limites par un Crédit Lyonnais totalement inféodé par son Président, Jean-Luc Haberer, aux desiderata de Bercy, alors dirigé par le socialiste Pierre Bérégovoy.
Lequel socialiste Bérégovoy a aussi côtoyé Bernard Tapie sur les bancs socialistes du Conseil des Ministres, où il avait été appelé par François Mitterrand lui-même.
Lequel Crédit Lyonnais connut du fait de telles largesses largement politiques (l’affaire MGM notamment, financée à fonds perdus pour MM. Fiorini et Paretti, parrainés par les socialistes italiens) des déboires tels qu’il fallut en catastrophe nommer un autre Président, Jean Peyrelevade, lui aussi socialiste (ancien chef de cabinet de Pierre Mauroy), pour récupérer ce qui pouvait encore l’être.
Lequel Peyrelevade jura de faire la peau à Tapie pour l’exemple.
Et ce sont ses troupes qui forcèrent Tapie à revendre Adidas dans les conditions qui ont causé le litige qui vient de se déboucler et où les arbitres ont dit que les équipes du Lyonnais avaient été encore plus voyous que Tapie lui-même.
Toute l’affaire est donc une cuisine 100% socialiste, et accuser la droite de dilapider l’argent public là-dedans est franchement aussi grotesque qu’indécent
- enfin parce que remettre en cause ce règlement, c’est attaquer Bernard Tapie de front.

Quant on sait la redoutable bête médiatique qu’il est, réveiller ainsi l’eau qui dort à un an des Présidentielles, et ce pour une affaire qu’on a soi-même causée, c’est vraiment de la démence…

Bernard Tapie

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