Une fusion qui brûle. Chronique d’un désastre annoncé.

septembre 30, 2007 on 12:31 | In Economie, France, International | Commentaires fermés

Favoriser l’émergence de champions industriels français et européens, et les aider à devenir des N°1 mondiaux est à la mode. Surtout quand il s’agit de technologies de l’information. D’où l’attraction de la fusion entre le français Alcatel et l’américain Lucent pour former Alcatel-Lucent, N°1 mondial de la téléphonie. Cocorico!

Sauf que, à peine 9 mois plus tard, Alcatel-Lucent a déjà accumulé un plan de restructuration de 12.500 suppressions d’emplois et 3 avertissements sur résultats. Et la valeur en bourse d’Alcatel Lucent est déjà inférieure au prix payé par Alcatel pour le seul Lucent. Autrement dit la fusion a détruit 12.500 emplois et des dizaines de milliards d’euros de valeur boursière en seulement 9 mois!

Et au vu des difficultés dans lequel le groupe se débat, ce n’est visiblement pas fini, ni pour les licenciements, ni pour les mauvaises nouvelles. Pendant ce temps-là le rival N°1, le suédois Ericsson se porte très bien, merci, et le chinois Huawei passe à l’offensive en prenant de contrôle de l’américain 3Com.

Etait-ce prévisible? Tout le monde savait que Lucent avait déjà frôlé le dépôt de bilan en 2001, quand Alcatel avait annulé sa fusion avec lui (déjà!) la veille de la signature. Et que ses paris technologiques portent sur des solutions rejetées par la majorité du marché. Alors pourquoi fusionner?

C’est d’autant plus lamentable que le même PDG, Serge Tchuruk a déjà présidé à la formation d’Alcatel, pure société de télécommmunications, à partir d’Alcatel-Alsthom, et ce au moment où les télécom plongeaient vertigineusement après les années de bulle Internet. Ce qui ruina une première fois les actionnaires d’Alcatel. Et qu’il a confié les clefs du pouvoir d’Alcatel Lucent à Patricia Russo, la présidente de Lucent, qui est donc responsable de l’état actuel de sa société.

Eviter que de pareils désastres se produisent quand on laisse les clefs du pouvoir à des PDG vieilissants qui ont déjà fait la preuve de leur incompétence, mais risquent de s’en sortir, encore une fois, avec une prime de départ et une coquette retraite, semble à JusMurmurandi beaucoup plus important que de taxer les stock-options et d’interdire les parachutes dorés pour les dirigeants qui réussissent.

Sinon, gare à la cocoricatastrophe!

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