Quand Portugal rime avec « t’as pas 100 balles? »

avril 7, 2011 on 5:31 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Ça y est! Le Premier Ministre portugais a fait savoir que son pays souhaitait l’intervention du fonds de soutien européen aux pays de la zone euro en détresse. Son obstination à la refuser ne lui a pas évité de se faire renverser, et il ne fait plus qu’expédier les affaires courantes.

Affaires courantes pendant lesquelles le Portugal paie des taux d’intérêts extraordinairement élevés pour la dette qu’elle émet afin de financer et le renouvellement de sa dette existante et son déficit budgétaire. Ces taux d’intérêts sont élevés car la situation actuelle n’est pas tenable, et il y a donc un risque que le Portugal ne décide, par choix ou par contrainte, de réaménager sa dette. En clair de ne pas tout rembourser, ni en montant ni en délai. L’équivalent de la faillite d’un État, dont il vaut mieux, alors ne pas se retrouver créancier.

La raison pour laquelle le Portugal ne vouait pas faire appel au fonds européen, voir aussi au FMI, c’est que ceux-ci vont imposer, en contre-partie d’un prêt de 75 miliards d’euros, des conditions strictes sur la réduction du déficit budgétaire. En clair, une forte cure d’austérité, du même genre que ces mêmes prêteurs ont imposé à la Grèce et à l’Irlande, et que la Grande-Bretagne s’est imposée à elle-même.

Inutile de dire que le souhait du Portugal de « passer entre les gouttes » relevait du déni de réalité, ce qui, au passage, a donné à des pr^teurs l’occasion d’encaisser des coupons de 8% sur la dette portugaise. Comme quoi, le chois n’était pas entre « l’austérité ou les taux d’intérêts élevés », mais entre « l »austérité ou l’austérité et les taux d’intérêts élevés ». Un choix théoriquement simple, à condition d’avoir le courage d’y faire face.

Lequel courage manque singulièrement aux hommes politiques d’un pays que nous connaissons bien, qui reportent la solution du problème à plus tard. Le dernier à avoir équilibré le budget était Raymond Barre, en 1980 et malgré deux chocs pétroliers. C’était la rigueur, qui ne fut pas pour rien dans la défaite de Giscard en 1981, face aux promesses démagogiques de Mitterrand. Depuis, droite et gauche confondus, tous ont dépensés de plus en plus. En général la droite moins que la gauche, et seule à restaurer, de temps en temps, les finances des régimes sociaux, ce qui est toujours coûteux en termes de popularité, comme en témoigne celle de Nicolas Sarkozy. Tandis que la gauche empilait nouveaux impôts et nouvelles largesses: 39 heures, puis 35, 5e semaine de congés payés, IGF puis ISF, retraite à 60ans, RMI et CMU…

Que nous réserve sur ce plan 2012? Rien de bon si on lit le programme socialiste, qui est tout le contraire de la nécessaire austérité. Les nouvelles dépenses fleurissent comme il est de saison puisque c’est le printemps. Et la dette, quelle dette? Quant au programme de Marine Le Pen, qui commence par ignorer tous les traités signés par la France et vouloir sortir de l’Euro en supposant que tout le monde sera d’accord et nous fera une fleur, elle ferait bien d’aller demander au Portugais s’il est facile d’emprunter à bon compte sur des marchés pleins de défiance. A moins qu’elle aussi veuille ne pas payer les dettes et nous mettre en faillite…

Finalement, JusMurmurandi se dit que le Portugal a peut-être fait le bon choix: se mettre une bonne fois en déroute, pour que les circonstances forcent un pays aussi réticent que la France l’est, à faire face, une bonne fois, à ses échéances.

Et si, pour nous aussi, c’était la seule issue?

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