Feuille de route pour pays perdus

avril 12, 2011 on 8:35 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Incongruités, International | Commentaires fermés

Il y a des bonnes nouvelles qui font plus de mal que de bien. Hier, les dirigeants de l’Union Africaine, tous fiers, annonçaient que le leader libyen, Moammar Qaddafi, avait « accepté la feuille de route » proposée pour arriver tout de suite à un cesser-le-feu, puis à une forme de paix.

Pourquoi ne pas se réjouir, dans ce cas-là?

Parce que JusMurmurandi se souvient que, dans deux autres cas, l’Union Africaine a aussi proposé une feuille de route pas si différente, puisque toutes disaient qu’il y aurait, d’abord, un cesser-le-feu, puis des « discussions » entre le pouvoir en place et les « protestataires ». Inutile de dire que cette formule est en fait avant tout une formule pour arrêter les hostilités au profit du statu quo, faisant soigneusement l’économie d’établir tout différence de droit entre les belligérants.

Ce qui fait que l’Union Africaine a mis sur le même plan le dictateur tyrannique du Zimbabwe, Robert Mugabe, et son vainqueur volé du résultat des élections, Morgan Tsvangirai, et aussi Laurent Gbagbo et son vainqueur volé du résultat des élections, Alassane Outtara. On sait ce qu’il en est en Côte d’Ivoire, où ce n’est certes pas grâce à cette feuille de route que des centaines de morts furent évités, pour que, semble-t-il, force reste au droit, mais bien plutôt aux canons de la force Licorne.

Et au Zimbabwe, c’est quand Tsvangirai comprit que le monde « libre » ne lèverait pas le petit doigt pour soutenir son combat pour le respect de la démocratie qu’il dut accepter une cohabitation avec l’affreux qui dirige son pays depuis 30 ans et le plonge toujours plus bas dans une crise sans fin qui martyrise son peuple, et qui viole sans la moindre vergogne tous les engagements qu’il a pris devant le médiateurs africains.

Il faut dire que savoir que Jacob Zuma présidait la délégation qui a rencontré Qaddafi n’inspirait pas confiance, dans la mesure où le Président sud-africain a été le principal négociateur du bourbier zimbabwéen, moment auquel il s’est « illustré » en refusant de condamner, si peu que ce soit, son voisin le despote. Visiblement sa solidarité de fonction, de voisinage et de race était plus forte que les cris de détresse des zimbabwéens qu’on affame et qu’on massacre.

Les rebelles libyens ont prévenu que les termes vagues par lesquels l’Union Africaine prévoit que l’avenir s’écrive en Libye, à savoir des « discussions » pour engager, d’un commun « accord » des « réformes », n’étaient absolument pas une base de négociation avec un homme et sa famille qui, après l’avoir annoncé, exécutent son plan de massacrer le peuple qu’il s’est approprié avec l’aide de milliers de mercenaires étrangers.

Y a-t-il donc un sort qui empêche l’Afrique de devenir adulte? Aujourd’hui, la presse parisienne bruisse de l’importante question de savoir si ce sont des Français qui ont arrêté Gbagbo, ou des ivoiriens. Il faut dire que, s’il se révèle que c’étaient des Français, cela aura un arrière-goût d’expédition coloniale.

JusMurmurandi préfère mille fois, pour arrêter des combats terriblement meurtriers, la solution de la France en Côte d’Ivoire à celle de l’Union Africaine en Libye. Et tant pis si cela n’est pas « politiquement correct ».

Ce qui n’est pas politiquement correct, c’est d’aider les dictateurs à continuer leurs ravages. Le reste n’est qu’anecdotique…

Laurent Gbagbo

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