Le centre qui tue!

avril 14, 2011 on 9:04 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | 2 Comments

Ça y est le piège est en train de fonctionner! La réforme fiscale annoncée par le ministre du Budget, François Baroin laisse peu d’espoir. Pourtant les précédents sont nombreux et explicites, faire campagne au centre, qu’on soit à gauche ou à droite, est un moyen certain de courir à sa perte.

Laissez JusMurmurandi vous rafraîchir la mémoire. Valéry Giscard d’Estaing tenta d’amadouer le centre, voir la droite de la gauche avec de nombreuses mesures de gauche, dont quelques-une sont restées légendaires, telle l’indemnisation du chômage pendant un an avec 90% du dernier salaire. Peine perdue, il n’a pas gagné un seul électeur de gauche avec ces mesures, qui préférèrent tous voter carrément à gauche. Mais, en se souciant plus de conquérir les électeurs du centre-gauche que de satisfaire ceux qui l’avaient- et de justesse- porté au pouvoir en 1974, il ouvrit un boulevard sur sa droite au RPR de Chirac, ce qui provoqua sa perte.

Même scénario en 1986 avec le tandem Mitterrand-Fabius, qui voulut se poser en « bon gestionnaire », enfin rigoureux après les années de gabegie du début du septennat. Peine -et élections- perdue, les électeurs préfèrent la droite pour la rigueur et renvoient la gauche sèchement à ses chères études.

Et ainsi de suite, comme Chirac en 1997, ce qui valut à la France 5 ans de cohabitation et les 35 heures.

Vous me direz: quel rapport avec aujourd’hui? Simple: le gouvernement va supprimer le bouclier fiscal, mesure emblématique qui disait qu’enfin l’État mettait un plafond sur sa rapacité à l’endroit des contribuables. Mesure « impopulaire » dans la presse de gauche (aujourd’hui, c’est presque un pléonasme en France), que le pouvoir juge donc « expédient » de supprimer, en gage à l’opinion. Comme si cela pouvait rapporter un seul vote de centre-gauche. Dans le même temps, une forte réduction de l’ISF, un alourdissement des droits de succession déjà les plus lourds du monde, une restriction des donations en franchise d’impôts. Bref, de quoi rendre furieuse la gauche (forte réduction de l’ISF), et lui fournir encore un bel exemple de « cadeau aux riches », tout en montrant à la droite que la suppression de l’ISF est encore taboue, alors que renier le bouclier fiscal ne l’est pas, ce qui réussit l’exploit de mécontenter tout le monde.

Oui, vraiment, n’y a-t-il personne pour expliquer au Président que plaire au centre est, en France, une politique mortelle, car c’est déplaire à son camp sans satisfaire en quoi que ce soit un camp adverse qui le déteste?

2 commentaires

  1.  » n’ y – a – t-il personne pour lui explquer  » :
    moi, je veux bien, mais m ‘ écoutera-t-il ?

    Sans rire, et je reviens à mon dernier post, tant
    que ces farceurs seront atteints de perpétuelle
    électoralite, rien de bon ne sortira du système…

    Seule la durée est efficace.

    Oserais-je un  » Vive le Roy  » ? Aller, j’ ose :)

    Commentaire by jerome — 15 avril 2011 #

  2. Les rois français ont-ils été plus courageux que les présidents? Je n’en suis pas sûr. Pas Louis-Philippe, qui fut le dernier. Avant lui, Louis XVIII et son frère Charles X l’ont été mais exclusivement pour la restauration des privilèges. Et Louis XVI le pleutre, et Louis XV le neurasthénique jouisseur, pas vraiment non plus. Quant au courage de Louis XIV, il a été indiscutable, mais pas toujours ce à quoi il a été appliqué, la révocation de l’Édit de Nantes notamment. Car c’est de courage qu’il s’agit ici, Jérôme, plus que de durée. C’est en quelques semaines que Mendès mit fin à a guerre d’Indochine, avant de chuter, quelques semaines après, sur la triviale question du privilège des bouilleurs de crus. Quand on a du courage, le temps s’écrit plus vite, et l’action se déploie…

    Commentaire by JM2 — 18 avril 2011 #

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