Energie: le néant!

avril 18, 2011 on 9:14 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Poil à gratter | 4 Comments

Les écologistes se sont trouvé un nouvel ennemi: les gaz de schiste. C’est une source d’énergie dont la France aurait des ressources potentiellement significatives. Des permis d’exploration ont été délivrés par Jean-Louis Borloo. Mais, parce qu’aux États-Unis, l’exploitation de cette ressource toute récente est très « sale » (injection de produits chimiques pour « libérer » le gaz, utilisation de grandes quantités d’eau), les écologistes sont mobilisés.

Ce qui provoque l’exaspération de JusMurmurandi porte sur trois points.

La pratique américaine actuelle balbutiante, est sale. Soit. La réaction normale ne serait-elle pas de pousser les candidats à cette énergie à trouver par de la recherche, des procédés plus propres? De la recherche en France, ne serait-ce pas une bonne idée, pour le pays qui disait, face aux choc pétrolier de 1973 « en France on n’a pas de pétrole, mais on a des idées » ? Non, les écologistes préfèrent le veto absolu, le barrage, l’immobilisme, l’exigence que cette idée d’exploiter les gaz de schiste soit bannie pour l’éternité. Comme dans tant d’autres dossiers, comme les OGM. Le tout sanctifié par le crétinisme absolu du « principe de précaution » gravé dans la Constitution par un Chirac capitulard devant les lobbies de l’écologiquement correct.

Les permis sont des permis d’exploration, pas des permis d’exploitation. Comment peut-on imaginer que des sociétés fassent des recherches pour trouver des procédés propres d’exploitation de gisements si on n’est pas sûr qu’ils existent? En revanche, si des découvertes importantes confirment les espérances, ils seront encouragés à pousser les feu de la recherche vers le « propre »… Mais, là encore, c’est le « non » absolu, le « non » paré de toutes les vertus, la joie quand le prix du litre de super bat des records, parce que cela réduit les kilomètres parcourus par les Français, sans voir que c’est par restriction et non par libre choix…

Il faut bien faire face au fait que les ressources d’hydrocarbures « conventionnels » (pétrole, gaz) s’épuisent rapidement. Comme les écolos sont aussi contre l’énergie nucléaire, et contre les bio-carburants, comme les énergies renouvelables ne sont pas une ressource suffisante, même si on met des éoliennes partout (et ça ne pollue pas le paysage et le silence, peut-être?), comment ferons-nous? Car même le cheval qui tire la carriole émet des quantités significatives de méthane, gaz beaucoup plus néfaste que le CO² en termes d’effet de serre….

Bref, une fois de plus, la France, qui a pourtant de belles cartes à jouer en termes de recherche énergétique, se voit terrorisée par les ayatollahs du « non à tout ». Comme en termes agricoles et agro-alimentaires, face à la concurrence mondiale et au besoin de nourrir 6 milliards d’êtres humains, ce qui n’est sans doute pas une priorité pour nos amis de la Planète. Il n’est pas inutile de rappeler que les écologistes ont lutté pendant des décennies contre le nucléaire en « oubliant » au passage que la seule alternative de l’époque, le pétrole et le gaz nous jetait dans la fournaise du réchauffement climatique… Et on voudrait confier les clefs de notre avenir, ou plutôt de notre absence d’avenir, à ces gens-là, au motif qu’ils savent encore plus habilement susciter des peurs que le Front National de Marine Le Pen? On n’a qu’à imaginer si les écolos de l’époque avaient eu leur mot à dire, si on aurait eu la révolution industrielle, le train, la machine à vapeur, la voiture, l’avion? La réponse est « non », évidemment.

Non, vraiment, dire « non » à tout, ce n’est pas une politique. Comme, soit dit en passant, l’opposition du FN à « tout ce qui ne va pas et fait peur » n’en est pas une non plus. Et si le PS se demande pourquoi le désamour vis-à-vis de Sarkozy ne lui profite pas, peut-être se sont-ils contenté de trop de « non », eux aussi…

Eva Joly

4 commentaires

  1. Globalement d’ accord avec vous, cher Jus.
    Cependant, les piques envoyées par ces agitateurs
    ( ou tateuses :) ) ont qq fois de l’ utilité.
    Avversaire déterminé des OGM pour des raisons
    techniques ( une partie de ma vie passée dans le monde agricole ) , je dois reconnaitre que sans eux
    on boufferait des hormones et des OGM en veux-tu en voila …
    Avec nos politiques malades d ‘ électoralite, le long terme n’ existe pas, et les multinationales
    s’ engouffrent dans la brèche pour des profits Ã
    cout terme

    Commentaire by jerome — 18 avril 2011 #

  2. Là où je ne suis pas d’accord avec vous, cher Jérôme, c’est dans l’interdiction de la recherche. Qu’il y ait des raison de craindre la généralisation d’OGM, pourquoi pas? Mais le recherche? C’est comme l’Église qui voulait, au Moyen Age interdire aux fidèles de lire la Bible. Depuis Eve, l’humanité a accédé, pour le meilleur et pour le pire, aux fruits de l’Arbre de la Connaissance. Et tous ceux qui interdisent l’accès au savoir et son extension se sont beaucoup plus souvent révélés des affreux que des angelots. Et puis il faudra bien, un jour, que les écolos sortent de leur stance, là aussi angélique, où ils disent tout ce dont ils ne veulent pas, et qu’ils disent ce qu’ils « acceptent » pour faire bouffer 6 milliards d’humains, et comment ils comptent gérer la décroissance économique massive qu’ils nous concoctent. Mais, vu ce programme, on comprend qu’ils restent discrets…

    Commentaire by JM2 — 18 avril 2011 #

  3. Je me suis mal exprimé : bien sûr que la recherche
    est indispensable, et passionnante …
    Sauf que science sans conscience etc …
    Donc OGM, prudence.
    Embryon : horreur, puisque qu’ on a trouvé d ‘autres moyens …
    Enfin, payons des chercheurs qui trouvent, comme disait De Gaulle, et pas des chercheurs de sinécures à vie, à la charge des contribuables,mais
    je m’ égare !

    Commentaire by jerome — 24 avril 2011 #

  4. Ce qui est fascinant, cher Jérôme, est de voir le double discours des écologistes. Ils sont pour l’énergie renouvelable, mais pas pour les barrages, au motif qu’ils perturbent les écosystèmes (Assouan, Itaïpu, 3 gorges). Ils aiment l’énergie solaire, mais les panneaux sont faits en Chine dans des conditions tout sauf écologiques. Ils aiment l’énergie éolienne, mais pas les installations bruyantes et vilaines qui la produisent… et je pourrais continuer comme ça longtemps sur ce qu’ils n’aiment pas. Comment nous sommes censés vivre « heureux » dans ce monde d’interdictions est une question à laquelle ils se gardent bien d’apporter des réponses. Et, de toute façon, s’il y a une chose qui est sûre, c’est que le monde de demain, qui devra être plus productif en matières alimentaires et plus frugal en eau, ne réussira en aucun cas à y parvenir sans recherche. Que science sans conscience, etc…. nous sommes bien d’accord. Mais les écologistes, par la seule vertu de pureté angélique qui consiste à tout refuser, ne sont certainement pas qualifiés pour être ma conscience. La mienne me suffit largement…

    Commentaire by JM2 — 25 avril 2011 #

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