Prime, frime… ou crime?

avril 25, 2011 on 3:51 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Nicolas Sarkozy a trouvé de quoi matérialiser sa promesse de « travailler plus pour gagner plus ». Il est choqué, et on le comprend puisque JusMurmurandi l’est aussi, de constater l’énormité de certains profits d’entreprises dans un monde où le commun des mortels est encore dans le sillage pénible de la crise. Les banques en particulier, font des dizaines de milliards de profits alors qu’il a fallu sauver leur peau à grand renfort d’argent public il y a 24 mois à peine.

Même si l’aide d’État française a été rentable pour le contribuable, et même si les banques françaises étaient moins proches de l’agonie que les américaines ou les anglaises, il y a quand même un sentiment de disproportion entre leurs difficultés, largement absorbées par le contribuables, et leur retour à meilleure (Ô combien meilleure!) fortune, exclusivement réservée à leurs actionnaires.

Que faire? L’idée sarkozyenne n’est pas mauvaise: constatant que les dividendes sont faits d’argent que l’entreprise n’utilise pas pour ses investissements ou sa croissance, il s’agit de contraindre les entreprises à distribuer ce surplus non seulement aux actionnaires, mais aussi à leurs employés. Une prime de 1000€ euros pour chacun est « née », comme une promesse facile à comprendre.

Mais c’est là que cela dérape. D’abord, chaque entre prise est dans une situation qui lui est propre, et une prime pour tous bafoue cette évidence. Ensuite chaque collaborateur est dans une situation qui lui est propre; contrairement à la prime à taille unique.

Ensuite, il est évident que forcer les entreprises à distribuer de la sorte va augmenter leurs coûts, ce qui va être pris en compte au moment de calculer les augmentations de salaire. L’entreprise va donc reprendre d’une min ce que l’État l’aura forcer à distribuer de l’autre.

Mais surtout, cette idée a quatre composants clairement toxiques.

L’un, que c’est de l’État, en France, qu’il faut tout attendre, y compris qu’il se serve dans les profits des entreprises prétendument privées.

Le deuxième, que cette prime est distribuée sans contrepartie aucune (budget ou objectif atteint, productivité en hausse, mérite individuel, etc…) et que la loi du marché, qui équilibre emploi et salaires, est bonne à jeter aux chiens.

Le troisième, qu’il y a, en France, des « réserves » d’argent à distribuer, des dividendes « abusifs », bref tout ce que la gauche la plus dure partage avec le Front National.

Le quatrième, qui commence à poindre le bout de son nez, est qu’on va assortir cette prime, comme d’habitude, d’un bon vieil avantage fiscal (franchises de charges, ou d’impôts, ou les deux?), ce dont les finances publiques n’ont vraiment pas besoin…

On voit bien que cette prime a à la fois des relents de communisme économique et de populisme démagogique. Quand on voit qu’elle ne sera distribuée que par les entreprises qui augmenteront leur dividende, c’est-à-dire finalement par peu d’entre elles, l’immense majorité d’entre elles n’en distribuant pas du tout, JusMurmurandi se dit qu’un tel vacarme pour aussi peu, une telle promesse pour une réalité qui sera modeste, était-ce vraiment indispensable?

Alors, prime, frime, ou crime?

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