Restructurer la dette grecque?

mai 19, 2011 on 9:30 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

La Grèce s’enfonce dans la crise financière. Malgré ses plans d’austérité annoncés et le plan de soutien européen, le coût de sa dette ne cesse d’augmenter. Fondamentalement, plus de 80% des acteurs des marchés financiers croient qu’il ne sera pas possible qu’elle s’en sorte sans une restructuration, c’est à dire sans une renégociation défavorable aux prêteurs. D’où la réticence de prêter dans ces circonstances, sauf à des taux d’intérêt très élevés.

Il semblerait normal, dans ces conditions, d’aller à la restructuration. D’autant que la Grèce, fidèle à sa tradition constante, laquelle lui a valu ses ennuis actuels, ne tient pas ses engagements. Pas assez de restructurations, de réduction de ses dépenses et de son déficit, de recettes de privatisations. Bref, des promesses non tenues, à la grecque à-t-on envie de dire. Non pas que tous les Grecs se comportent comme cela, mais leurs gouvernements, oui, qui ont menti tant et plus pour pouvoir être admis dans la zone euro. Ce qui leur permettait de financer leur dette énorme et croissante à des taux plus bas que jamais.

Alors, pour quoi ne pas restructurer? Il y a deux raisons. L’une est que cela coûterait cher à ceux qui possèdent de la dette grecque, et notamment aux banques européennes, allemandes, italiennes, françaises, etc… Comme celles-ci sont encore fragilisées par l’hémorragie de la crise financière récente, malgré les profits élevés de cette dernière année, elles n’ont certes pas besoin de cela au moment où de nouvelles normes, dites « Bâle III » leur demandent des fonds propres plus élevés pour éviter une répétition de 2008.

L’autre raison est que, si les investisseurs savent que la dette souveraine en euros présente un risque, les taux sur la part fragile de cette dette vont monter fortement, notamment pour le Portugal et l’Espagne, voire, à un moindre degré, mais avec une gravité toute autre, pour l’Italie et la France. Et ceci au moment où les taux vont de toute façon monter pour refléter la reprise économique, et la remontée d’inflation induite par la forte hausse des matières premières.

Le problème est que la dette grecque et la dette irlandaise sont déjà traités par les marchés comme si la restructuration était une certitude. Donc ces deux pays sont frappés des deux côtés: punis au niveau des taux sans être soulagés par la restructuration. Et, si l’UE met en place un nouveau package de soutien à la Grèce, ce sera lui dire qu’elle peut continuer à ne pas en faire assez, parce qu’elle a trouvé un « papa-gâteau » pour lui donne son argent de poche même quand les résultats scolaires sont mauvais…

Donc, pour le moment, il y a des investisseurs qui encaissent des taux de rendement formidables sur leur achat de dette « faible », et ne sont pas pénalisés en capital. C’est le paradis! Si, en plus, les gouvernements européens se décident à mettre la main à la poche pour sauver tout le monde, ce sera carrément l’orgie! Et comme nos gouvernants font très clairement savoir qu’ils ne laisseront pas tomber une banque trop grosse, et que, donc, par exemple, si l’une d’entre elles venait à faire une indigestion de mauvaise dette, elle serait sauvée, cela veut dire que, une fois de plus, les profits seront privés, et les pertes publiques par le biais de plans d’aide.

Il semble bien, que, pour moraliser le système et en éviter les abus, les inconvénients de la restructuration soit finalement moindres que de laisser tout le monde se goinfrer sur le dos des contribuables sans leur donner en contre partie de moyen de contrôle sur les risques pris.

Allez, c’est voté: à la trappe les Grecs!!! On pourra toujours dire que c’est la faute du FMI qui, faute de dirigeant, DSK ayant finalement démissionné, n’a pas voulu participer au sauvetage…

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