Super Menteurs!

juin 4, 2011 on 4:58 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Qui s’en souvient? François Mitterrand avait, pour être élu en 1981, promis une « autre politique », très à gauche, avec 39 heures de travail au lieu de 40, 5 semaines de congés payés au lieu de 4, nationalisations, impôt sur la fortune, etc…

Le résultat? 2 ans et trois dévaluations plus tard, la France, exsangue, prend le tournant de la rigueur. Mais une rigueur jamais avouée et encore moins assumée, toujours masquée par des artifices de vocabulaire qui ont pu donner à leurs auteurs l’illusion qu’ils faisaient illusion, mais qui n’ont pas trompé une seconde les Français, qui ont infligé à cette gauche qui faisait, sur les ruines de ses rêves, une politique de droite, une franche déculottée dès les législatives de 1986.

En 1995,Chirac est élu sur le thème de la « fracture sociale ». Dès deux ans plus tard, les Français, voyant bien que ce thème n’engageait pas du tout le Premier Ministre , Alain Juppé, ou la politique qu’il menait, votent pour les socialistes lors d’une dissolution calamiteuse pour le camp qui l’avait imaginée (Dominique de Villepin fut son architecte en chef). Auparavant, on avait eu un épisode de tragédie grecque entre les deux amis de trente ans, Chirac et Balladur, qui s’étaient juré une alliance éternelle, pour mieux se déchirer devant l’attrait d’accéder à la fonction suprême.

Mais aujourd’hui, on n’en est plus à ces petits jeux d’éloquence masquée. On a droit à des mensonges francs, froidement, les yeux dans les yeux. Les Français en avaient déjà eu des échantillons, comme celui de François Mitterrand jurant qu’il n’avait jamais reçu la francisque, alors qu’il avait été décoré par Pétain lui-même. Ou François Mitterrand encore, et Chirac, déjà, s’accusant mutuellement de mensonge sous les yeux des caméras pendant le grand débat pour les présidentielles de 1988. Chirac donna l’impression d’être estomaqué par l’aplomb de Mitterrand au sujet d’un iranien libéré par Paris malgré une vilaine affaire de terrorisme.

Car lundi, au tribunal de New York, il va y avoir deux versions qui vont se contredire frontalement. Celle de DSK, le « non-coupable », et de son accusatrice, la « victime ». Quelqu’un va mentir. Comme Georges Tron et ses accusatrices ne disent pas tous les trois la vérité. Ou bien c’est lui, ou ce sont elles. Et je pourrais multiplier les exemples.

Ce qui est nouveau, et qui fascine JusMurmurandi, c’est le rôle des média. La télévision, notamment, si longtemps instrument de vérité, que ses programmes d’actualités ont été appelés « informations », comme s’il ne pouvait s’agir que de vérités et non de possible désinformation. Les Français, comme les autres citoyens de démocraties modernes ont acquis le réflexe de « c’est vrai puisque c’est à la télévision ». Et maintenant, sur Internet aussi, alors que ce média est totalement incontrôlé et probablement incontrôlable.

Le résultat: Airbus qui explique que « son avion n’est pour rien » dans l’accident du Rio-Paris (228 morts). Lire: donc, si ce n’est pas l’avion, ce sont les pilotes, donc Air France. Pendant ce temps-là, Air France souligne que les procédures Airbus pour récupérer un a vion qui a décroché ont changé depuis le crash. Donc ce ne sont pas les pilotes, mais l’avion et ses procédures.

Pendant ce temps-là, le général serbe Ratko Mladic, accusé d’avoir été le « boucher de Srebrenica », déclare qu’il « n’a rien eu à voir avec ça », et « qu’il trouve ces charges odieuses ».

Et la FIFA, Fédération internationale de football, devenue une très grosse machine financière, où chacun accuse l’autre, qui l’accuse en retour, de corruption, tout en se déclarant d’une honnêteté, d’une loyauté et d’une transparence exemplaires.

Alors, en 2012, qui va gagner? Celui ou celle qui mentira le plus, le plus effrontément, le plus froidement? Ou celui ou celle qui, justement, mentira le moins?

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