Banquiers responsables?

juillet 8, 2011 on 3:19 | In Economie, France, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Oui, je sais, ça ressemble furieusement à une contradiction. Banques et banquiers sont bien présents pour encaisser profits et bonus extravagants quand tout va bien. Mais, que vienne le coup de tabac, et toute menace sur la pérennité des établissements financiers amène les pouvoirs publics de chaque État à prendre le « problème » (lire, les pertes colossales) à sa charge, et le faire payer, non aux banques qui l’ont causé, mais aux contribuables.

C’est exactement le scénario de 2008, sauf en France, où les banques n’ayant pas, sauf deux, sombré dans les plus scabreuses extravagances, n’ont pas eu recours à un « sauvetage d’État », mais bien à des prêts aujourd’hui remboursés et à des taux qui n’avaient rien d’un cadeau.

C’est encore le scénario de la Grèce, que les autres pays de l’Union Européenne vont refinancer. Pas parce que le pays le « mérite », mais parce que ne pas le faire couterait trop cher aux banques européennes qui se sont gorgées de dette grecque, plus rentable que de la dette de meilleure qualité, comme la dette allemande ou française.

Prendre les profits, et repasser les pertes à d’autres, ne voilà-t-il pas une recette parfaite. Faut-il s’étonner que les banquiers recommencent à appliquer une formule qui les sert si bien ainsi que leurs employeurs?

Sauf que, là, quelque chose va changer. La FDIC, organisme public américain qui assure les dépôts et déposants, jusqu’à un certain montant, contre la faillite des banques, vient de faire passer une nouvelle règle. Les dirigeants des banques pourront être tenus responsables, en cas de faillite, sur les salaires et autres rémunérations qu’ils auront touchés. En d’autre termes, s’ils sont jugés coupables de négligence, de défaut d’attention, de prudence ou de compétence, ils pourront être forcés de rembourser tout ce qu’ils auront touché pendant les années mises en cause.

Bien sûr, il ne faut pas attendre que cette seule règle fasse des miracles. D’abord parce que son initiatrice, Sheila Bair, nommée 2e femme la plus puissante du monde en 2008 au cours de la crise financière, quitte le poste auquel elle a été nommée par George Bush. Et ne sera donc pas là pour voir si la FDIC poursuit effectivement les banquiers trop avides de risques aux dépens des autres.

Mais, pour autant, c’est un pas dans la bonne direction. Un principe simple, équitable, et qui pourrait, si elle était importe chez nous, mettre un terme, en France, à la stupide polémique sur les super-rémunérations. Car personne ne conteste qu’une personne dont la performance a immensément contribué à la prospérité générale, via la société qu’il ou elle dirige, soit immensément rémunérée. Ce qui choque, c’est que les rémunérations soient énormes quand les performances sont médiocres, voire tragiques. Et là, le risque de devoir rembourser rendra à la fois les dirigeants moins prompts au risque, et leur rémunération plus justifiée parce que liée à la bonne fin économique de leur entreprise.

Le scandale de dirigeants riches parmi des contribuables pauvres aura pris fin. Merci, Mme Bair!

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