Une affaire « normale »?

juillet 19, 2011 on 11:52 | In Best of, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

François Hollande doit se demander ce qui lui vaut aujourd’hui d’être au cœur d’un tsunami médiatique issu de l’affaire DSK. Après tout, cela fait des années que les accusations de Tristane Banon sont dans le domaine public, et elles concernent Dominique Strauss-Kahn, pas lui.

En fait, on peut même imaginer que le déclenchement de l’affaire DSK a New-York ait été perçu par Hollande et ses soutiens comme une « bonne nouvelle », car elle les débarrassait d’un redoutable concurrent à l’investiture socialiste, même si, au passage, elle salissait le Parti Socialiste.

Sauf que, graduellement, le séisme new-yorkais déclenche une vague qui traverse l’atlantique. De Nafissatou Diallo on en vient à Tristane Banon, autre femme qui se prétend victime de DSK. Et qui, parmi les témoins, cite François Hollande. Lequel commence par nier en bloc « je n’ai été au courant de rien ».

Mais une enquête est lancée, et un politicien sait bien que mentir aux micros de média et aux électeurs, ce n’est pas vraiment grave. Mais mentir à une enquête de police est une toute autre histoire. C’est pourquoi Hollande dit aujourd’hui « si j’ai su quelque chose, je n’ai donné aucun conseil, ce n’est pas au premier secrétaire du PS de la faire pour une affaire de cette nature ».

Et le voilà aujourd’hui, lui qui voudrait tant faire une campagne « normale » en tant que candidat « normal », sans arrêt questionné non sur son programme mais sur l’affaire Banon.

Cette affaire en rappelle une autre à JusMurmurandi, l’affaire Woerth. Elle commence, elle aussi, bien loin du ministre des affaires sociales, par un conflit entre la fille de la femme la plus riche d’Europe, Liliane Bettencourt, et un photographe, François-Marie Banier, envers qui elle se montre d’une générosité qui se chiffre en milliards. Mais une chose en appelle une autre. La femme de Woerth travaille pour la société de Mme Bettencourt. Laquelle a été « généreuse » avec infiniment plus de gens que le seul Banier. Et, de proche en proche, de conversations enregistrées en toute illégalité en île non déclarée au fisc, on en arrive à celui qui était alors ministre du budget et mari d’une collaboratrice, Eric Woerth.

Comme Hollande aujourd’hui, il n’est accusé de rien, sauf d’un très mauvais mélange des genres, qui peut avoir les apparences de la complaisance quand on apprend qu’il a décoré le patron de sa femme de la Légion d’Honneur.

On connait la suite. Qui se souvient aujourd’hui qu’Eric Woerth a fait, pendant un moment, figure de premier ministrable possible?

Là encore, Hollande n’est accusé de rien, sauf peut-être de complaisance avec l’éléphant du parti, Dominique Strauss-Kahn, vis-à-vis du comportement duquel « ne rien voir, ne rien entendre, ne rien faire » était peut-être un peu léger.

Mais il y a fort à parier qu’il va avoir autant de mal à se débarrasser d’une affaire malodorante où rien ne lui est reproché mais qui le salit quand même que l’ancien ministre retombé dans l’oubli. On est à mille lieues du candidat « normal »

François Hollande devrait méditer la leçon qui nous a été encore récemment rappelée par le Japon: qu’un tsunami, quand il déferle, emporte tout sur son passage, les innocents aussi facilement que les coupables.

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