Le bal des faux-culs (3)

juillet 27, 2011 on 12:57 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

La dette est devenue, des deux côtés de l’Atlantique, le sujet majeur qui occupe hommes politiques et acteurs des marchés financiers. Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy veut inscrire la maîtrise de celle-ci dans la Constitution. Il a besoin pour cela de quelques dizaines de voix de députés et/ou de sénateurs de l’opposition. Laquelle opposition lui répond par un « pas question » clair et ferme.

Les arguments des uns et des autres sont intéressants. Martine Aubry recommande le « non » au motif que, selon elle, Sarkozy serait totalement disqualifié pour la maitrise de la dette, parce qu’elle a fortement augmenté sous sa présidence, et donc qu’il est mal placé pour jouer aujourd’hui les vertueux. L’argument est fallacieux, parce que Martine Aubry et le PS se sont opposés à TOUTES les mesures de Sarkozy, absolument toutes. Que ce soit le plan de soutien aux banques pour leur éviter de couler en 2008, le plan de relance en 2009, les réformes des retraites ou de la carte judiciaire, la suppression de la publicité sur la télévision de service public, la défiscalisation des heures supplémentaires, il y a toujours « quelque chose qui ne va pas » qui fait que les socialistes votent contre, toujours quelque chose qui disqualifie Sarkozy. Sans doute est-ce sa victoire de 2007…

François Hollande, lui dit que voter « pour » en 2011 n’aurait aucun sens, qu’il faudra s’attaquer à la dette après 2012, et que toute mesure annoncée d’ici là serait « uniquement de l’affichage ». Intéressant. Cela veut dire que tout ce qui est annoncé à partir de maintenant n’a de valeur qu’à des fins purement électorales, et que les choses « sérieuses », ou « réelles » ne commenceront qu’après la victoire. Comment mieux avouer que les promesses n’engageront,selon la formule de Charles Pasqua, « que les cons qui y croiront »?

Quand à Nicolas Sarkozy, il est de fait qu’il a présidé à une période de déficits sans précédent. Évidemment, la crise de 2008 était aussi sans précédent, et il était facile pour l’opposition de critiquer sans avoir à assumer. Mais lui non plus n’avait pas montré, avant, plus que l’empressement minimum pour réduire dette et déficits. Bien au contraire, fidèle en cela à la tradition française de Mitterrand à Chirac, les dépenses catégorielles l’ont toujours attiré, et aussi les baisses d’impôts alors même que les comptes de l’État étaient déjà fortement déficitaires. Par exemple, c’est lui qui a finalement obtenu ce que Chirac avait promis, à savoir la baisse de la T.V.A. sur la restauration, alors même qu’il était clair que le coût en termes de déficit, plus de deux milliards par an, n’était pas justifié, sauf par les promesses des restaurateurs. Promesses, qui, selon la formule de Charles Pasqua….

C’est pourquoi, en l’occurrence, JusMurmurandi décerne à tous, gauche et droite ensemble, un Prix Exceptionnel du Jury, pour prestations de faux-culs extraordinaires. Sarkozy n’a aucune envie de se voir contraint à la rigueur économique, et la gauche n’a qu’une seule recette dont elle pense qu’elle la mènera au pouvoir, celle de François Mitterrand en 1981, des promesses de dépenses presque sans limites. Donc Sarkozy veut priver préventivement la gauche de cette possibilité, en les traitant de financièrement irresponsables (et il aurait raison), et Martine Aubry le devance avec le même argument (et elle a raison aussi).

Une chose est sûre. Les Français vont un jour devoir payer, comme les Grecs. Et les dépenses passées qui ont mené à accumuler cette montagne de dette leur paraîtront alors bien frivoles. Que disait La Fontaine? La cigale, ayant chanté tout l’été… Justement, c’est l’été, alors chantons. Car, à l’automne, nous déchanterons…

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