Le piège!

août 17, 2011 on 2:32 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Nicolas Sarkozy aurait voulu piéger la gauche qu’il n’aurait pu rêver de circonstance plus parfaite. Quelle est la plus grande faiblesse du bilan de Nicolas Sarkozy? Sans aucun doute l’économie. Plus précisément, le sentiment de nombreux français qu’il a passé son temps à aider les riches et les banques, alors qu’il ne faisait rien pour eux, les Français « normaux » (copyright François Hollande, qui se veut le premier d’entre eux).

Comment faire campagne face à cette faiblesse du Président sortant? En promettant d’y remédier. D’où le programme de Martine Aubry, centré sur la croissance et l’emploi, et, par nécessité, sur la réduction de la dette. Des emplois et du pouvoir d’achat, c’est-à-dire ce que Sarkozy n’a pas réussi à leur donner, en contradiction avec sa célèbre formule: « travailler plus pour gagner plus ».

Le problème, c’est la troisième priorité: la réduction de la dette. Inutile de dire que Martine Aubry et les socialistes n’en veulent pas, car chaque euro qui lui est consacré est un euro de moins pour créer leurs emplois aidés, un euro de moins pour se faire aimer de leur clientèle électorale. Mais ils savent que, s’ils ne font rien, la France sera bientôt aussi mal vue que la Grèce, et que ce qu’elle n’aura pas fait de son plein gré lui sera imposé par les marchés, l’Union Européenne et le FMI, en bien plus sévère encore.

Mais il y a là un piège qui va se refermer sur le PS. La fameuse règle d’or, qui interdit à un pays, s’ils l’inscrit dans sa constitution, de dépenser un argent qu’il n’a pas. Nicolas Sarkozy veut que la France la vote, et cela empêcherait les socialistes de recourir à leur seule vraie arme politique: la dépense. Et cela justifierait a posteriori les économies impopulaires que Sarkozy a imposées, et notamment la baisse du nombre de fonctionnaires.

Donc aucun membre du PS ne veut voter la règle d’or. Oui, mais voilà, Sarkozy et Merkel ensemble vont tenter de convaincre tous les pays de la zone euro de le faire. L’Allemagne l’a déjà fait, et l’Italie est en train de le faire. JusMurmurandi se dit qu’une « proposition » économique soutenue par les 3 plus grandes économies de la zone euro a de fortes chances d’être adoptée. D’autant plus que l’Allemagne a les moyens de menacer tout pays rebelle, vu que c’est le crédit allemand qui sous-tend tout l’ensemble.

Et Nicolas Sarkozy l’a dit hier: soit les socialistes votent la règle d’or, soit ils refusent, et, pour la campagne de 2012, ils seront les vilains petits canards, responsables de la crise financière qui ne manquera pas de survenir, et responsables du blocage européen au lieu d’une phase d’intégration supplémentaire. On voit mal Martine Aubry aller contre tout ce que son père, Jaques Delors a toujours soutenu.

Alors, si s’opposer à la règle d’or est se mettre dans une situation impossible, pourquoi ne pas la voter? D’abord parce que c’est faire le contraire de tout ce que les socialistes ont fait depuis 4 ans, à savoir s’opposer systématiquement à toutes les mesures prises par l’équipe présidentielle. Ensuite et surtout, parce que la voter, c’est s’obliger à la respecter. Donc non seulement à ne pas faire de dépenses nouvelles, mais même à devoir faire des économies. Bref, à faire du Sarkozy sans Sarkozy. L’horreur absolue.

A tout prendre, il doit y avoir des socialistes qui se disent que perdre 2012 ne serait pas forcément un mauvais résultat, si cela conduit à ce que ce soit la droite qui fasse tout le sale boulot. Et restaure les finances pour que les socialistes puissent s’en servir le jour, qui finira bien par arriver, de leur retour au pouvoir…

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