Ziegler contre Ziegler, crime contre crime

octobre 29, 2007 on 1:20 | In Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Jean Ziegler, rapporteur spécial de la commission des droits de l’homme des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, sonne la charge contre les biocarburants, et en particulier le bioéthanol. Il traite l’usage de bioéthanol dans l’automobile de crime contre l’humanité, rien de moins!

Par delà l’inflation -voire même l’enflure- verbale, dont Jean Ziegler est un expert quand il veut se faire entendre, son argumentation soulève des questions lourdes de conséquences. JZ affirme que la consommation en blé et en maïs de l’industrie du bioéthanol réduit d’autant la part destinée à l’alimentation humaine. Cette réduction conduit, d’après lui, tout à la fois au renchérissement du blé, dont le prix a doublé en 2 ans, et le maïs, qui a purement et simplement quadruplé. Et, comme si cela ne suffisait pas, le prix des terres a aussi fortement augmenté, tiré par la rentabilité croissante de ces cultures. Tout ceci, selon lui aggrave la misère des plus démunis de par le monde, et augmente le nombre des morts de faim.
Le but de JusMurmurandi n’est pas d’entrer dans une polémique technique sur l’argumentation de Jean Ziegler, ni à en réfuter le bien-fondé. Mais, comme souvent, il y a un revers à ces belles théories, et l’opinion qu’on s’en fait dépend avant tout de la présentation qu’on en donne. En voici quelques exemples:

- l’augmentation des prix des matière agricoles est une revendication très ancienne des pays en voie de développement, car elle rémunère mieux les paysans, et permet le décollage des économies à base agricole. En d’autres termes, pour avoir des nourritures pas chères, Jean Ziegler s’oblige à avoir des paysans miséreux…

- l’augmentation de consommation d’éthanol et autres biocarburants réduit d’autant la consommation de pétrole, et donc en réduit l’augmentation de prix. Quand on connaît le coût de la facture pétrolière pour les pays les moins riches du monde, toute réduction de leur facture est positive, qui permet de sauver des vies.

- l’augmentation de rentabilité des cultures alimentaires est considéré comme le seul moyen pour détourner les paysans de la culture de la coca et autre pavot, qui sont la base de la production de cocaïne et de l’héroïne. Donc maintenir bas les prix du blé et du maïs se traduirait par plus de drogués en augmentant la production et en réduisant le coût de celles-ci.

Des paysans misérables, des pays ultra-pauvres encore appauvris, une production des drogues les plus dures en hausse. Sans parler des gaz à effet de serre non « économisés » par la substitution de l’éthanol à l’essence. Voilà un bilan qui ferait traiter son auteur de criminel contre l’humanité par un activiste du tiers-monde comme… Jean Ziegler

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