L’art d’être impopulaire?

octobre 24, 2011 on 11:27 | In Best of, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Insolite | Commentaires fermés

Nicolas Sarkozy l’a encore fait! S’il faut en croire les média, il a sèchement renvoyé dans ses buts le Premier Ministre britannique David Cameron, un homme important, et avec qui, ordinairement, il s’entend bien. Mais il l’a fait quand même, et le fait que ce soit rendu public n’arrange pas les choses, bien au contraire, pour le chef de gouvernement anglais déjà en difficulté avec certains au sein même de son propre parti.

En, fait, en y regardant bien, Nicolas Sarkozy pratique l’impopularité avec un engagement, une constance, un raffinement qui confinent à l’art. Déjà, sa première fonction élective, celle de maire de Neuilly, a été prise d’assaut sous le nez de Charles Pasqua, pas content du tout à l’époque. puis l’UMP, pris de haute lutte face aux chiraquiens excédés et hostiles, tels Dominique de Villepin ou Michèle Alliot-Marie.

Ce qui lui vaut de concourir pour la Présidentielle de 2007 sans le soutien de toute une partie de son propre parti. Heureusement pour lui, Ségolène Royal, en face, est encore plus impopulaire dans un frange encore plus importante de la gauche. C’est la finale de deux impopulaires l’un contre l’autre. Et Sarko gagne.

5 ans après et plus ça change, plus c’est la même chose. Sarko irrite, froisse, maltraite, méprise comme si son impopularité faisait ses délices ou sa méthode politique. La liste des « déçus du sarkozysme » ferait bien tout un gouvernement: Patrick Devedjian, Yves Jégo, Rachida Dati, Christine Boutin, Xavier Darcos, Rama Yade, Hervé Morin, Pierre Charon, Jean-Pierre Raffarin, etc…

Et parmi les dirigeants étrangers, la difficulté de ses relations, évidente depuis le premier jour, avec Angela Merkel, l’indispensable partenaire allemand, la comparaison trop peu flatteuse à son gré avec le grand et beau Barack Obama, les humiliations imposées à José Manuel Barroso, et ainsi de suite. Et les Africains, morigénés pour « ne pas être entrés dans la modernité. » Et maintenant David Cameron

La société civile n’y échappe pas non plus, entre les mots très durs pour le patronat, ou les syndicats qui font grève « mais plus personne ne s’en rend compte », ou les journalistes, tels Laurent Joffrin, humilié longuement en conférence de presse.

Sans compter les Français en général, peu friands de « casse toi pov’ con! ».

Et les socialistes viennent de choisir de lui opposer un homme dont la rondeur et le goût du consensus tiennent infiniment plus du populaire mais inerte Chirac que de l’acerbe mais hyperactif Sarkozy.

Car sa façon de faire sauvage a obtenu des résultats à l’opposé de sa popularité. Personne ne l’aime, mais il obtient ce qu’il veut. Que ce soit le Traité de Lisbonne, le sauvetage du système financier en 2008, ou la guerre en Libye ou encore la paix en Georgie.

Une mesure suffit à décrire cette attitude. Chirac promet à son « ami » le très volubile et beau parleur André Daguin, restaurateur, la baisse de la T.V.A. pour cafés et restaurants, au nom de la « bonne-bouffe » à la Française contre la « mal-bouffe », et contre des promesses de créations d’emplois mirobolantes. Ensuite, rien. La promesse reste vaine, la faute aux Allemands, qui bloquent, à Bruxelles, qui fait obstruction, au déficit. C’est la médiocrité en marche, sauf que là, elle est plutôt à l’arrêt pendant de longues années, au cimetière des promesses non tenues.

Et Sarko s’en mêle, et, de gré ou de force arrache les accords nécessaires à la mise en ouvre de cette mesure. Laquelle se révèle nettement plus coûteuse que productive. Les conseils pleuvent de l’annuler, ce qui est d’ailleurs intégré au programme socialiste. Tous le souhaitent, à droite comme à gauche. Un bon moyen de se rendre (un peu) populaire?

Tous, non. Car un seul résiste, tel Astérix. Au nom de la parole donnée (même pas la sienne, celle de Chirac, devenue par le miracle de la fonction, celle de l’État et de la France).

Mais ce serait un Astérix sans potion magique, ni ami Obélix, qui s’efforce d’économiser, de réformer et de redresser, non seulement sans l’aide des Français, mais contre eux comme lors de la réforme des retraites. Il n’y a là aucun intérêt personnel, et il est trop fin politique pour ne pas avoir su que cette mesure serait très impopulaire.

Un homme qui veut, seul, suivre la voie ardue de l’impopularité si c’est celle de l’effort, la France en a déjà connu un. C’est à lui que Nicolas Sarkozy a fait référence quand on lui a demandé son avis, très négatif, sur les primaires, déjà si populaires. Un homme qui a froissé tant et tant des plus grands dirigeants mondiaux, de 1940 à 1969. Un homme qui voulait la grandeur de la France, même quand il traitait les Français de « veaux ». Un homme qui a sauvé la France deux fois. Une fois de l’ennemi étranger, et une fois d’elle-même.

François Hollande ferait bien de se méfier. Car, s’il croit bon de se draper dans les attitudes et mimiques de François Mitterrand pour battre un autre Giscard, en fait, c’est un De Gaulle qu’il va affronter…

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