Primaires, vous avez dit primaires?

novembre 24, 2011 on 11:57 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermés

A l’issue du processus PS de primaires, toute personne qui s’est aventurée à dire que ce n’était pas un système démocratique, moderne, participatif, bref, admirable, s’est trouvée renvoyée à son archaïsme par le microcosme journalistico-parisen.

Pourtant des primaires, il y en a eu ailleurs qu’au PS, et le résultat n’est pas Joly-Joly. Et ce n’est pas la première fois. On se souvient de Ségolène, qui a survolé les primaires de 2006/2007 avant de s’aliéner une bonne partie du PS lui-même, avec les résultats que l’on sait. On se souvient aussi de primaires d’une autre sorte à droite en 1988 entre Chirac et Barre au premier tour de la Présidentielle, quand le mieux placé pour battre Mitterrand au second tour a perdu au premier. Ou en 1995 quand Balladur a perdu contre toute attente face à Chirac.

Aux États-Unis aussi, pays dont vient cette pratique, les primaires sont loin de toujours donner comme candidat le mieux placé pour gagner. En ce moment même, 6 candidats républicains s’affrontent en attendant le début des votes, et, sur les 6, 5 sont des « ultras » et un seul au centre, car les « ultras » de tous partis sont les plus motivés pour voter dans un processus non obligatoire, et ils y sont donc surreprésentés.

C’est exactement ce qui s’est passé avec Eva Joly contre Nicolas Hulot. Une ultra, tirant à boulets rouges sur son concurrent et jetant l’anathème comme d’autres font l’aumône. Cela séduit le cœur militant du parti, et, aujourd’hui, l’erreur de casting est flagrante. C’est Hulot qui doit bien rigoler dans son coin. Et à juste titre. Les Verts l’ont voulue, ils l’ont.

L’autre problème, c’est la dualité que cela installe entre le chef du parti et le candidat. Avec comme résultat que Duflot flingue la candidature de Joly par un accord dont celle-ci ne voulait pas. Et que Aubry met Hollande dans la même position, avec en plus des concessions sur les circonscriptions « données » aux Verts qui se trouvent être non chez des aubrystes, mais chez des soutiens de François Hollande. Évidemment, Duflot a du trouver à cet accord des avantages que Joly ne voit pas, comme Aubry et Hollande. Duflot sera députée de Paris en remplacement d’un hollandiste, et en mesure de disputer la Mairie à un ou une autre hollandiste. Ambiance….

Alors, les primaires, c’est si moderne, participatif, démocratique qu’il faut que tout le monde s’y mette?

Cécile Duflot

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