Ni responsables ni coupables?
janvier 9, 2012 on 1:57 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésVoilà, le Tribunal de Commerce a prononcé la liquidation définitive de Seafrance, un dossier qui avait déjà attiré l’attention de JusMurmurandi.
Quand on pense qu’un repreneur potentiel éminemment crédible avait déjà proposé de reprendre la moitié du personnel, soit 400 personnes, et avait invité les représentants syndicaux à une réunion sur une base de 600 emplois repris, et que la CFDT, syndicat majoritaire à SeaFrance n’a même pas daigné se rendre à cette réunion, il y a de quoi se taper la tête contre les murs.
Quand on ajoute à cela tout ce qui est paru dans la presse sur la façon dont la CFDT se conduisait dans ce qu’elle considérait comme un fief, on ne peut qu’être effaré. Ainsi hier, à la télévision, on voit un des deux responsables CFDT déclarer sans rire qu’une banque lui a prêté 650.000€ à titre personnel pour faire des achats immobiliers alors que son revenu mensuel n’est que de 2700€! Et que tel autre responsable CFDT dispose lui aussi d’un patrimoine immobilier pour le moins surprenant. Ceci, joint à une accusation claire par la CGT de malversations au sein du CE de SeaFrance, donne effectivement à croire que certains préféraient que l’entreprise sombre corps et âmes plutôt qu’un repreneur n’aille éplucher les comptes et vérifier les pratiques. Ceci puisque la presse parle aussi de contrôles des promotions par le syndicat, ainsi que l’octroi de jours supplémentaires de congés très généreux.
Si tout ceci est vrai, il faut bien dire que l’employeur aurait, pour acheter sa paix sociale, purement et simplement remis les clefs de la boutique à un syndicat, et que les responsables locaux en auraient largement abusé. Et que la confédération aurait fermé les yeux, comme le PS sur les agissements de Guérini en Bouches-du-Rhône, ou de Kucheida dans le Pas-ce-Calais.
Comment s’étonner après que beaucoup, qui ne sont pourtant pas plus ultra-libéraux que d’autres, se défient de la manière dont l’État dépense l’argent de l’impôt, c’est-à-dire des Français? Parce que le management lâche de SeaFrance, c’était la SNCF, c’est-à-dire l’État. Parce que les accusations de dérapages syndicaux sont les mêmes qu’à la RATP, soit encore l’État. Parce que les accusations de magouille au sein du CE rappellent bigrement le CE d’Air France, en faillite virtuelle après des années de gabegie sues de tous, dénoncées par beaucoup mais parfaitement tolérées au nom de la paix sociale.
Sauf que JusMurmurandi voit bien que ces faits répréhensibles « connus de tous, dénoncés par certains mais parfaitement tolérés », s’étendent profondément dans la vie sociale et politique française. Ainsi la Mairie de Paris de Jacques Chirac a-t-elle payé le chauffeur du patron de FO, et qu’il a été le premier ancien Président condamné en correctionnelle pour avoir mis sa mairie au service de son ascension vers le pouvoir.
Épisode supplémentaire de ce qui serait une farce s’il n’y avait des centaines d’emplois au bout, François Chérèque vient de désavouer brutalement ses propres responsables locaux, et d’annoncer dès à présent leur exclusion future de la CFDT. Mais pas un mot sur sa responsabilité, en tant que chef, pour les agissements de ses troupes. Il en est la victime, bien évidemment, et non pas un complice par incompétence, lâcheté ou opportunisme, n’est-ce pas évident?
Comme il est évident que personne au PS n’a quoi que ce soit à se reprocher pour les frasques, et le mot est faible, de DSK. Tout le monde était au courant, et Tristane Banon avait porté son cas devant le secrétaire général, un certain François Hollande, qui avait la même chose que François Chérèque avec SeaFrance. Il s’en est lavé les mains.
Comme l’histoire l’a montré avec le plus célèbre de ceux qui en ont fait autant, Ponce Pilate, se laver les mains ne suffit pas pour avoir les mains propres…
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